Dissertation de philosophie répondant à la question : notre conscience doit-elle quelque chose à la présence des autres ?
[...] Le retrait de Descartes en Hollande pour écrire ses livres est un exemple qui nous invite à penser que l'isolement peut être source d'enseignement, qu'il permet le recul vis-à-vis de soi-même. Prendre conscience de soi est une façon d'entrer en relation avec soi-même pour accéder à une sphère d'intériorité qui permet une connaissance de soi, dans la mesure où il favorise l'introspection. Pourtant nous avons besoin des autres, non seulement dans l'entraide et la coopération mais au moins pour nous situer nous même et partager des connaissances. Notre jugement, nos découvertes, nos émotions, n'ont de signification que si d'autres peuvent en être les témoins ou les garants. [...]
[...] Dans l'expérience du stade du miroir, l'enfant n'est pas seul devant le miroir, il est porté par l'un de ses parents qui lui montre sa propre image. Ce serait donc dans le regard et dans les dires de ses parents tout autant que la perception de sa propre image qui se reflète dans le miroir que se reconnaît l'enfant. A un âge plus avancé, nous ignorons parfois certains de nos sentiments. Nous en prenons conscience lorsque l'autre lit sur les traits de notre physionomie des sentiments auxquels nous n'avions pas pensé. [...]
[...] Ainsi la connaissance d'autrui ne conditionne-t-elle pas la connaissance que nous avons de nous-même ? L'Homme vit en société. Il a besoin des autres, non seulement pour subvenir à ses besoins immédiats, mais aussi moralement, parce qu'il prend conscience qu'il existe en partageant ce sentiment avec d'autres que lui. Sa pensée, ses choix, ses sentiments n'ont de signification et de valeur que si d'autres que lui peuvent aussi les éprouver ou les confirmer, en être les témoins. Même s'il ne confirme pas ce que nous pensons, l'autre permet au moins de nous situer. [...]
[...] On pourrait se demander : Comment concilier l'exigence de liberté et d'autonomie qu'implique toute connaissance de soi avec la nécessité du regard des autres ? [...]
[...] C'est grâce à l'autre que je peux atteindre un savoir sur moi-même. Donc autrui n'est pas seulement celui qui m'aliène, mais aussi celui qui me libère et me permet d'acquérir un regard plus objectif. Ce n'est pas tant l'isolement dans le doute, mais plutôt l'accord possible sur un monde commun qui garantit la possibilité d'une vérité qui dépasse nos croyances subjectives. Sans autrui, le monde serait au point de vue que nous en avons. La présence d'autrui est indispensable pour prendre conscience de l'extériorité du monde. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture