« Entendre en nous la voix de la conscience... » A travers cette expression fréquemment employée, il semble admis qu'en chacun de nous, réside une voix intérieure, une parole qui serait le fondement de notre morale. Elle marque nos décisions, déterminerait et influencerait nos choix, nos actions, nos comportements suivant une distinction qui se fait entre le bien et le mal. Alors que l'on parle généralement de conscience pour désigner un savoir qui accompagne nos représentations, nos états d'âme, on parle ici plus précisément de conscience morale. Il s'agit donc d'une capacité de l'esprit à apprécier, juger des comportements, des actes bons ou mauvais, à partir d'un sentiment intérieur, d'une perception de la différence entre ce qui est condamnable et ce qui ne l'est pas. C'est aussi ce qui nous conduit au remords, au repentir. Par morale, on entend donc un ensemble de principes qui règle l'action humaine, des règles de conduite qu'il importe de suivre suivre une théorie du bien et du mal. Ce sont des règles prescrivant ce que doit être fait : c'est cette voix intérieure qui nous dit « tu dois » ou « tu ne dois pas », mais aussi « ce que tu as fait est mal ». Cette voix issue de normes morales est bien celle de notre conscience. Ainsi l'on dira que l'on a « bonne » ou « mauvaise » conscience, selon que l'on a le sentiment ou non d'avoir quelque chose à se reprocher. Socrate déjà parlait de « démon intérieur », d'une voix qui nous pousserait vers de mauvaises actions. Or la recherche du « souverain bien » est au fondement de sa philosophie. La conscience morale apparaît donc comme fondamentale et intimement liée à la connaissance de ses actes et à la conscience de soi, suivant les principes du « connais-toi toi-même »...
Or si cette voix de la conscience s'exprime à tous, si elle est passée dans le langage et l'usage courants, c'est donc bien que l'opinion commune tend à la considérer comme étant universelle, résidant en chacun de nous. Ainsi l'honnêteté, la droiture d'esprit, nous semblent des principes proclamés, partagés et valables universellement. Cette conception innéiste nous conduirait à la considérer la morale comme la voix, en nous, de la Nature. Rousseau parle même d'un « juge infaillible » qui viendrait à nous comme une forme d'instinct. Chacun de nous disposerait donc, dès sa naissance, des outils lui permettant de juger les actes qu'il pose, de savoir ce qu'il convient ou non de faire. Or le langage nous incite bien à parler de « convention »... Mais par définition une convention n'est pas valable universellement, il s'agit de quelque chose sur laquelle des hommes se sont mis d'accord. La conscience morale pourrait alors plutôt être vue comme quelque chose non plus d'inné mais bien d'acquis, fruit d'une certaine éducation...
[...] Par conséquent, l'on peut voir la conscience morale comme la voix, en nous, de la Nature, d'un ordre originel. L'homme alors serait un être naturellement moral, bon, la voix de la conscience étant pour nous un juge infaillible que nous suivrions par notre instinct et notre sensibilité. Mais cette conception innéiste de la morale se trouve désavouée par le fait que l'homme a justement entrepris de quitter la Nature, de se détacher et de se placer au-delà de l'immédiateté pour construire, avec l'ensemble des expériences, des acquisitions qu'il a faites au cours de son histoire, ce que l'on appelle la culture La distinction entre les notions de bien et de mal et les jugements qui en découlent aurait alors pour origine l'ordre culturel et social. [...]
[...] La conscience morale alors n'est plus le simple réceptacle d'influences extérieures, mais elle est bien la manifestation de sa liberté et de sa responsabilité . I La conscience morale, un instinct divin issu de la Nature A Une faculté originelle de l'homme À première vue, l'on peut considérer que la conscience morale est en nous la voix de la Nature. Déposée originellement par Dieu, la capacité de percevoir et de différencier ce qui est bon de ce qui est mauvais résiderait en chaque morale. [...]
[...] On peut donc parler d'une conscience morale issue de l'ordre social, et par laquelle on définit les moeurs. Il s'agit d'un ensemble de règles formées, établies, mais aussi transmises par la société ; elles sont le fruit d'une éducation qui permet d'intérioriser ces valeurs. Partagées par un groupe, un collectif, où mime une société toute entière, elles vont influencer et déterminer les comportements des individus, qui ont appris à faire une certaine distinction entre le bien et le mal. La diversité, la variété de ces groupes vont alors expliquer que tous ne partagent pas nécessairement une mime morale, qui serait universelle. [...]
[...] C'est aussi la raison pour laquelle au fil de leur évolution, de leur histoire, les sociétés humaines ont pu renforcer, compléter, voire modifier ces valeurs ; et même ajouter aux simples moeurs des lois juridiques auxquelles les hommes puissent se référer. La culture est alors à l'origine de ce que l'on pourrait appeler une grande conscience morale une âme consciente qui unirait ses membres. Elle serait une sorte de mémoire collective qui aurait stocké et intériorisé un ensemble de comportements attendus ou désapprouvés. Ils proviennent d'une tradition, d'un ordre établi. C'est ce qui va faire qu'ensuite nous entendons en nous cette voix de la conscience celle qui nous dit : tu dois . [...]
[...] Il s'agit en effet d'une morale qui est le fruit d'une intériorité personnelle, propre à l'homme. Ainsi, l'on dira que l'on pense en son for intérieur ou que l'on est son propre juge L'homme accède par le jugement personnel à une conscience individuelle. L'individu étant autonome, il est à l'origine de ses propres principes moraux, car il a pu poser ses actes devant lui comme objets, s'examiner, usant de cette faculté de raisonner qui lui a été donnée et qu'il met en acte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture