La philosophie moderne et contemporaine a tendance à prendre le terme « conscience » en un sens relativement restreint : être conscient, c'est avoir ce recul par rapport à soi-même qui permet de savoir, au moment où l'on fait quelque chose, qu'on le fait. Une grande part de notre comportement échappe à notre conscience, comme celle qui dépend de la seule action du corps. Cependant, nous ne sommes pas de simples organismes aux fonctions automatiques ou bien réglées ; nous nous différencions à cet égard des animaux, par ce possible recul que nous pouvons constamment prendre par rapport à nous-mêmes. La conscience suppose un écart de soi à soi, et signifie donc une impossible coïncidence de soi avec soi-même, chez l'homme, alors que l'animal est quasiment dès la naissance tout ce qu'il est. Cet écart de soi à soi conduit l'homme à réfléchir sur lui-même. Or réfléchir c'est penser, méditer, voir son reflet dans un miroir.
Il semble que le propre de la pensée est d'être réfléchie, c'est-à-dire conscience d'elle-même. C'est ce que met en évidence le doute méthodique de Descartes. La pensée est plus sûre de sa propre existence que de l'existence des choses extérieures dont il m'est possible de douter.
Cette certitude indubitable révèle la singularité de la conscience par rapport au reste de l'univers car si je sais que j'existe, l'univers ne sait pas qu'il existe. Elle fait ressortir aussi, pour Descartes, une différence radicale entre l'âme et le corps inconscients d'eux-mêmes.
Ce qui rend d'autant plus énigmatique la condition humaine, puisque l'homme apparaît, de par sa conscience, comme étranger au monde (matériel). Cependant, la conscience peut-elle être ainsi isolée du monde ?
[...] La psychanalyse porte à son tour un rude coup à l'orgueil de l'homme : sa conscience, qui le démarque du reste de la nature, n'est pas maîtresse de sa vie psychique ni de sa conduite →Inconscient et refoulement L'inconscient ne s'étend pas seulement dans un sens descriptif pour désigner les pensées inconscientes qui sont latentes et susceptibles de redevenir conscientes sous la pression des circonstances ; il s'entend surtout dans le sens dynamique : l'inconscient est animé par le désir que le refoulé revienne à la conscience, non sans se heurter alors à de fortes résistances. [...]
[...] Ainsi l'activité (souvent étonnante) du corps et de l'âme ne dépend pas nécessairement de ses décrets. corps a ses raisons que la raison ne connait pas Pour Nietzche, on se méprend sur l'importance de la conscience : celle-ci n'est que la manifestation superficielle de toute une activité intelligente du corps, dont la plus grande part est inconsciente. →L'hypothèse de l'inconscient psychique Freud -dans Métapsychologie- explique la légitimité et la nécessité de l'hypothèse de l'inconscient psychique sur laquelle repose la psychanalyse, dont il a jeté les principes et définit la méthode. [...]
[...] Mais aucune expérience ne valide cette idée. Je n'ai l'impression d'aucune unité, ni d'aucune identité d'un même moi conscience est mémoire Pour Bergson, non seulement la mémoire peut justifier l'idée d'une unité entre des états de conscience, mais cette unité existe par la mémoire, parce que la conscience elle-même et tout entière mémoire. La voie de la conscience Conscience de soi et conscience morale sont intimement liées ; selon Rousseau, l'une et l'autre sont de l'ordre d'une sensibilité innée, antérieure à la raison. [...]
[...] →L'intentionnalité de la conscience Toute conscience est conscience de quelque chose répète Husserl. Toute conscience vise (est tendue vers, tournée vers) ce dont elle est conscience : c'est ce que Husserl appelle intentionnalité de la conscience. La conscience n'est pas une chambre d'enregistrement d'événements qu'elle subirait mécaniquement et passivement ; elle va au- delà des choses dont elle est intentionnellement et activement consciente. Husserl analyse ici la façon dont procède cette intentionnalité : viser un objet, c'est détacher un objet sur le fond d'un horizon de possibles que la conscience projette au-delà d'elle en vue d'appréhender l'objet qu'elle vise. [...]
[...] Ce sujet, c'est le je pense la conscience de soi. La conscience de soi doit pouvoir accompagner toutes mes représentations, sans quoi elles n'ont pas d'unité et ne sont pas mes représentations. Mais cette conscience de soi ne peut être en elle-même un objet de représentation. →L'identité du moi est inconnaissable Je me perçois percevant quelque chose, mais jamais je ne perçois moi-même en deçà de l'acte de percevoir quelque chose, en sorte que ce que je suis -le moi- est inconnaissable, nous dit Hume. [...]
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