Beaucoup de philosophes aspirent, comme Socrate, à "se connaître soi-même", et certains ont placé leurs espoirs de connaissance de soi en la conscience de soi. Celle-ci permet-elle vraiment d'atteindre une connaissance de soi ?
Tout d'abord, définissons conscience et connaissance de soi : la conscience psychologique, par opposition à la conscience morale qui consiste à reconnaître le bien du mal et à juger la moralité de ses actions, est le rapport que l'on entretient avec soi-même, le fait de réaliser ce qui arrive à l'intérieur et à l'extérieur de soi ? conscience spontanée ? mais aussi un retour sur soi, une ré-flexion, une analyse de notre esprit par lui-même ? conscience réfléchie (...)
[...] Freud apporte pour cela des solutions telles que la psychanalyse, mais aussi l'auto-analyse des rêves, par exemple. III] Une relative connaissance de soi apportée par la conscience de soi Malgré tout, sans conscience de soi, l'Homme ne serait qu'un animal comme un autre. Pourrait-il alors connaître quoi que ce soit de lui-même ? En effet, on a vu que c'est la conscience qui nous permet de nous interroger sur ce que l'on est, sur son identité : sans conscience on n'a pas même cette identité, qui représente la conscience de la persistance du moi dans le temps. [...]
[...] Alain le formule d'une autre façon : Savoir, c'est savoir que l'on sait Mais avoir conscience qu'on est conscient, est-ce vraiment avoir conscience de soi ? Car comme le dit Kant, on peut savoir que l'on est, et même ce que l'on est, d'après le raisonnement de Descartes ; mais pas qui l'on est. II] La connaissance de soi est-elle possible ? Que pouvons-nous connaître de quelque objet que ce soit ? D'après Kant, seulement le "phénomène", c'est-à-dire la manière dont nous le percevons. [...]
[...] Or dans le cas de la connaissance de soi-même, l'esprit, le sujet conscient, est son propre objet de connaissance. Notre "connaissance" de nous-même dépend donc de ce que nous percevons de nous, vision forcément subjective. De plus, si la conscience de soi est censée apporter la connaissance de soi, elle ne peut pas non plus décrire de façon objective ce qu'on est : l'introspection nécessaire est en fait souvent une rétrospection, un retour sur soi après l'événement qu'elle veut comprendre, car on peut rarement agir et être témoin objectif de cette action. [...]
[...] On peut donc dire que, dans une certaine mesure, la conscience permet une connaissance du monde et un questionnement sur soi. Mais ce questionnement mène-t-il forcément à la connaissance de soi ? Car avoir conscience de ses actions, de ses sentiments, ou même de son "fonctionnement" intérieur, si tant est que cela soit possible, ne signifie par forcément se connaître. Se connaître, est-ce d'ailleurs "s'expliquer" ou "se comprendre" ? Car si "expliquer", c'est connaître les causes et les conséquences, scientifiquement, objectivement, de l'extérieur, "comprendre" c'est au contraire appréhender de l'intérieur. [...]
[...] S'il a peur d'un danger, il en acquiert la conscience et peut à partir de là élaborer une réaction moins "primaire", plus réfléchie, en analysant le danger et en relativisant sa propre peur. Comme on l'a montré précédemment, il est difficile de parler de véritable "connaissance de soi", qui serait sûre et exhaustive, mais s'il doit y avoir une relative connaissance de qui l'on est, c'est la conscience de soi qui la rend possible, en nous poussant à nous questionner et à nous développer. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture