Il existe une certaine connaissance, peut-être lacunaire et extrêmement déficiente, du présent, au moins, et probablement du passé aussi. Pour autant si l'on considère que le présent se réduit à l'instant, sans durée, sans épaisseur, on comprend que ce qui était présent devient immédiatement passé et la problématique s'en trouve changée. Le temps présent, parce qu'il est actuellement vécu, est-il plus intelligible que ce qui n'est déjà plus et dont il existe pourtant une science : l'histoire ?
[...] Autrement dit, il s'agit de la seule dimension du temps dont nous ayons l'expérience directe. Le passé nous échappe, irrémédiablement A l'inverse, le passé n'est, par définition, déjà plus. Il est en outre indéfini, c'est-à-dire que, contrairement au présent, qui peut selon l'échelle désigner un instant, quelque temps ou une époque, le passé n'est pas délimité dans le temps. Le passé est avant tout irréalité. Aussi ne pouvons-nous pas constater le passé mais seulement tenter de la retrouver. Et où le retrouve-t-on? [...]
[...] Nécessairement dans une réflexion présente. C'est-à- dire que, pour convoquer le passé, il faut faire appel à la mémoire, qui est une convocation du passé dans le présent. Elle est littéralement une représentation du passé. Cette mémoire peut être celle des hommes comme celle des traces laissées par le passé. La mémoire est faillible et non exhaustive Qu'il s'agisse de mémoire individuelle ou de mémoire collective, la mémoire ne peut jamais tout rappeler. Par le simple fait que nous n'enregistrons pas tout (ou tout du moins nous n'enregistrons pas tout de manière consciente), la mémoire ne peut représenter qu'un passé plein de lacunes, d'oublis et de trous. [...]
[...] La force de l'histoire est de disposer de ce recul vis-à-vis de l'évènement. Le présent est introuvable Le propre du présent est de nous échapper. Dès que l'on se demande ce qu'est le temps, on ne sait plus ce qu'il est, alors qu'on estime savoir parfaitement ce qu'il est tant qu'on ne se le demande pas, explique saint Augustin dans ses Confessions. C'est que le temps s'écoule, et qu'il ne peut être arrêté pour l'observation. On peut ici partir de l'impossibilité de déterminer l'instant présent, tel que l'expose Aristote dans La Physique. [...]
[...] Nous pouvons donc dire que dans le présent nous connaissons mieux le passé que le présent. L'histoire est constamment à réviser Il s'ensuit aussi que la connaissance du passé est dépendante du présent. Elle est non seulement dépendante des moyens dont nous disposons dans le présent pour procéder à des investigations du passé (et certaines innovations techniques font que nous connaissons mieux une époque que ceux qui l'ont vécue), mais elle est aussi dépendante des intérêts du présent. L'histoire est souvent conditionnée par les préoccupations d'une époque, quelques notions d'historiographie suffisent à le prouver. [...]
[...] Connaissons-nous mieux le présent que le passé ? Il existe une certaine connaissance, peut-être lacunaire et extrêmement déficiente, du présent, au moins, et probablement du passé aussi. Le traitement de la question Connaissons-nous mieux le présent que le passé? peut être considérablement orienté selon la définition et surtout l'extension données à ces termes. On peut en effet comprendre la notion de présent avec une certaine épaisseur Le présent serait alors l'époque que nous vivons. Définition floue puisque pouvant varier en durée (de quelques jours à quelques décennies) et définition dépendant d'autres facteurs (politiques, sociologiques, épistémologiques ou purement individuels). [...]
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