De prime abord, il semble que l'on connaisse mieux le présent que le passé. Le présent est plus proche de nous, plus en prise avec notre conscience. Mais à y regarder de plus près, comme il est fuyant, il est difficile à cerner. En outre, il a un statut très équivoque puisqu'il est difficile à saisir, coincé entre le passé et l'avenir. Ajoutons qu'il existe plusieurs formes de présent et de passé : le présent et le passé de la nature, d'un individu humain ou à de l'espèce humaine tout entière. Les difficultés ne sont probablement pas identiques. Toutefois, nos connaissances ne trouvent-elles pas leurs limites tant par rapport aux uns que par rapport aux autres ? Les problèmes liés à la connaissance du temps ne sont-ils pas révélateurs de la finitude humaine ? Pour pouvoir comparer les connaissances du présent et du passé, il faudra d'abord préciser ce qu'on entend par « le passé » et « le présent ». Puis il sera nécessaire d'analyser les différents domaines dans lesquels se posent des problèmes de connaissance liés à ces dimensions temporelles. Enfin, il faudra se demander si la question posée ne nous renvoie pas aux limites de nos capacités humaines de connaissance.
I. Le problème de la définition du présent et du passé
Avant de se demander si la connaissance du présent est plus facile que celle du passé, il serait préférable d'expliquer ce qu'on entend par « le passé » et « le présent ». Est-il possible de circonscrire ces dimensions du temps afin de distinguer quels sont problèmes que ces notions posent à la connaissance ? (...)
[...] Pourtant, que de détails essentiels n'ont-ils pas disparu ? Combien de témoignages de victimes ne pourront jamais être entendus par personne ? Ainsi, ce que nous semblons gagner d'un côté finit par être perdu de l'autre. N'est-ce pas une indication sur la limite de nos capacités humaines de connaissance ? III. Devant le passé et le présent, les limites de nos capacités de connaître 1. Histoire et actualité Lorsque nous comparons l'histoire, c'est-à-dire la connaissance du passé humain, et celle du présent, c'est-à-dire actualité nous ne pouvons qu'être frappés par la limite de l'une comme de l'autre. [...]
[...] Conclusion II apparaît donc bien difficile de trancher et d'affirmer que nous connaissons mieux le présent que le passé, ou même l'inverse. Ce n'est pas parce que le présent est plus proche de nous ou tout simplement parce qu'il est, contrairement au passé qui n'est plus, que sa connaissance est rendue plus aisée. Mais nous ne pouvons pas non plus prétendre que la distance vis-à-vis du passé et que les preuves à l'appui des connaissances historiques constituent une garantie aux erreurs, voire aux tromperies à propos du passé. [...]
[...] Comment savoir si nous ne nous trompons pas ? Si nos propres sentiments et intérêts n'interviennent pas dans cette interprétation ? Peut-être la connaissance du passé nous éclairera-t-elle ? Dans le sens où celle-ci porte sur des faits déjà passés, et non en train de se produire, elle pourrait être considérée comme moins difficile, à certains égards du moins. En effet, les actes sont accomplis, les révolutions ont été faites, les régimes politiques passés se révèlent stables ou bien ils se sont effondrés pour des raisons que l'historien pourra nous présenter. [...]
[...] ) afin de déterminer quelle est sa provenance, son authenticité, sa date de création. Elle ne peut néanmoins se passer ni de l'interprétation, ni de la sélection des documents et objets qui vont servir de preuves. Il en existe une telle quantité que l'historien est confronté au problème du choix et doit juger de l'importance ou non des éléments de preuve qu'il va découvrir au fil de son travail. Comme le souligne nettement Paul Ricœur dans Histoire et Vérité : Le document n'était pas document avant que l'historien n'ait songé à lui poser des questions, et ainsi l'historien institue, si l'on peut dire, du document en arrière de lui et à partir de son observation ; par là même il institue des faits historiques. [...]
[...] Maurice Merleau-Ponty Nous pouvons alors nous demander si le présent n'a pas une existence dans notre esprit plutôt que dans les choses. Celles-ci seraient soumises à un devenir irrésistible, à un flux perpétuel que seul notre esprit fixe telle une image arrêtée, nécessairement artificielle et partiellement fausse. Nous pouvons donc douter de l'existence du présent au sens de l'instant Quel est le mode d'existence du passé ? Quant à la manière dont le passé existe, elle suscite également des questions. [...]
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