Une des maximes inscrites au Panthéon disait « gnôtis'auton », c'est-à-dire, littéralement, « connais-toi toi-même ». Cette devise révèle ainsi l'idéal philosophique de la parfaite connaissance de soi, d'ores et déjà recherchée et souhaitée dans l'Antiquité. Or, cette connaissance introspective s'avère difficile à parfaire par les deux niveaux de soi, à savoir le conscient (les réactions, les caractéristiques, les propriétés connues de soi) et l'inconscient (la part plus enfouie, voire refoulée de nous).
[...] La psychanalyse se base sur ces moyens et les exploite afin de nous donner une possibilité de connaitre, une voie vers la connaissance de soi. D'après la psychothérapie européenne, la connaissance de soi est rendue accessible par expiation des souvenirs enfouis dans notre inconscient, et peut permettre la révélation de traumatismes. Or, on constate qu'avec ce système, le nombre de suicides poste-thérapie est important. Cela s'explique par le fait que si on se connait réellement soi-même, on ne peut plus vivre, tant la conception de notre personne devient intolérable, tant notre existence nous devient insupportable. [...]
[...] En résumé, la connaissance de soi est et reste de toute façon imparfaite en raison des multiples obstacles nous empêchant de l'atteindre, à savoir l'expérience du miroir, l'objectivité d'autrui et la question de l'inconscient. L'idéal socratique semble ainsi inaccessible bien que de prime abord, on considère se connaitre mieux que l'on ne connait les autres. On pourrait alors s'interroger sur un autre sujet : puisqu'on connait moins les autres et que c'est souvent des autres et de leurs actes qu'on se méfie, doit-on avoir peur de soi-même ? [...]
[...] On se trompe donc en pensant pouvoir nous voir dans un miroir, l'utiliser comme instrument de la connaissance de soi. Le cas pathologique de la schizophrénie découle de cette expérience. En effet, quand on comprend brutalement que nous ne sommes pas notre reflet dans le miroir, un trouble s'installe : comment puis-je me connaître si, même en voyant mon reflet, je ne me vois pas réellement ? A un degré pathologique, le sujet pallie ce problème en procédant à une sorte d'emmurement psychologique, par peur de la méconnaissance de soi. [...]
[...] Par la suite, nous verrons que la connaissance reste de toute façon une science objective, donc soumise au jugement d'autrui, avant de nous intéresser aux problèmes qui seraient liés à une potentielle pleine connaissance de soi. Tout d'abord, l'expérience du miroir montre les problèmes, les difficultés que l'on a à se connaître. En effet, face à un miroir, un jeune enfant ne comprend pas ce qu'il voit, il ne saisit pas la notion de reflet et voit ainsi une tierce personne dans le miroir, sans la rapprocher à lui. L'être humain devenu adulte, lui, sait que c'est son propre reflet qu'il voit dans le miroir. [...]
[...] On est en effet souvent surpris quand on nous montre les défauts qui nous concernent, puisque, que ce soit involontairement, par une méconnaissance de soi, ou volontairement, par orgueil ou vanité, on ne constate pas nos défauts. À cela s'ajoute la question de l'inconscient. En effet, si la connaissance de soi est soumise au jugement d'autrui et reste donc une science objective, variable au gré de l'avis qu'autrui porte sur nous, nous possédons une connaissance de nous inconsciente, souvent difficile à déceler par le refoulement permanent que nous exerçons sur nous. [...]
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