La biologie, dont le nom n'apparaît avec Lamarck qu'en 1802, aura été la science de la nature la plus tardive. En raison même de son objet, elle a dû se défaire de postulats métaphysiques durables, et résoudre ensuite des problèmes expérimentaux spécifiques.
Mais ce n'est qu'au XXe siècle, avec la recherche sur les cellules et l'ADN, qu'elle accède sans doute à un statut entièrement scientifique. Comme toute science, n'offre-t-elle pas alors des possibilités d'intervention et de modification du réel, qui peuvent se révéler dérangeantes ?
[...] Car les OGM peuvent désigner d'autres vivants que les tomates ou le mais: des êtres humains. Les comités apparus depuis quelques dizaines d'années réunissent, aux côtés de biologistes, des philosophes, des juristes, des théologiens, et tentent de déduire, d'une éthique médicale classique mais aussi des textes insistant sur l'importance universelle des droits de l'homme, des principes fondamentaux qui devraient permettre d'empêcher aussi bien les excès a priori jugés excessifs des différents pouvoirs (tant politiques que médicaux ou économiques) que l'abaissement de l'humain (et dans certains cas, de l'animal) au niveau d'un simple moyen (par exemple, comme fournisseur rétribué d'organes, ou, pour certains, comme le sont déjà les "mères porteuses"). [...]
[...] Le corps naturel vivant doit être ce qu'il nomme une "substance composée". Or le corps inerte ou matériel ne peut être à l'origine de la vie: "Il faut donc que l'âme soit substance comme forme d'un corps naturel qui a potentiellement la vie". L'âme est ainsi au principe de la vie sous ses différents aspects, selon qu'elle est "végétative", "animale" (motrice) ou "rationnelle". Il en résulte que "le naturaliste doit connaître ce qu'est l'âme" (Parties des animaux), qui sera en conséquence, à la suite d'Aristote, qualifiée de "vitale". [...]
[...] Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible? La biologie, dont le nom n'apparaît avec Lamarck qu'en 1802, aura été la science de la nature la plus tardive. En raison même de son objet, elle a dû se défaire de postulats métaphysiques durables, et résoudre ensuite des problèmes expérimentaux spécifiques. Mais ce n'est qu'au XXe siècle, avec la recherche sur les cellules et l'ADN, qu'elle accède sans doute à un statut entièrement scientifique. Comme toute science, n'offre-t-elle pas alors des possibilités d'intervention et de modification du réel, qui peuvent se révéler dérangeantes? [...]
[...] D'un savoir qui concerne la carte génétique d'un individu, on peut passer à la manipulation du génome humain, et à des pratiques de sélection des futurs vivants, soit à un eugénisme scientifiquement fondé. Quant au clonage, indépendamment des fantasmes qu'il suscite, il pose, à moyen ou long terme, la question à savoir à quelle utilisation (thérapeutique notamment) pourrait être réservé le "double" d'un vivant. D'où la nécessité d'une bioéthique. Ces possibilités offertes par les recherches en biologie ont déjà amené certains chercheurs à décider d'arrêter leurs travaux pour prendre le temps de réfléchir. Plus généralement, c'est la constitution de règles relevant d'une bioéthique qui semble s'imposer. [...]
[...] Ensuite, il y a un passage entre l'étude du fonctionnement et l'analyse cellulaire. L'expérimentation apporte des difficultés classiques. Claude Bernard, préoccupé par l'instauration d'une physiologie scientifique a donné la description la plus classique du raisonnement expérimental. Or son application en biologie se heurte à des difficultés spécifiques, qui proviennent des caractères du vivant lui-même. L'expérience menée sur une espèce n'apparaît pas immédiatement généralisable à une autre sans risque, en raison de la spécificité des êtres vivants: chaque espèce présente des particularités (dans ses fonctions de locomotion, de digestion, de reproduction, etc.) et une induction hâtive produirait des erreurs. [...]
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