Et pourtant, si la question demeure, c'est qu'il y a peut-être quelque chose dans notre nature, qu'il vaut mieux méconnaître si l'on veut pouvoir vivre heureux. Mais si tel est le cas, alors il faut admettre qu'il y a, au coeur même du sujet vivant, une contradiction manifeste. Car le bonheur, c'est bien ce que nous désirons tous par nature.
Si ce désir pour la vie heureuse n'est que la conséquence de notre nature, alors comment admettre que cette même nature soit aussi en même temps un obstacle au bonheur ? Notre nature nous porterait vers la vie heureuse, et notre nature ferait dans le même temps obstacle à la vie heureuse ? (...)
[...] Il convient donc aussi qu'il partage la mort. Lucrèce, De la nature, Chant III, vers 445-462 Connaître la nature corporelle de l'esprit, cela permet de débarrasser la vie de la crainte de ce que Nietzsche appellerait les arrières mondes La fin de la vie du corps, c'est la décomposition de la personne toute entière, sans reste. Il n'y a pas de résidu sur lequel la justice divine pourrait s'exercer. C'est sur physiologie épicurienne qu'il faut s'arrêter un peu. Ce qu'elle enseigne, ce sont bien les lois d'un corps fragile et mortel, c'est-à-dire les lois d'un corps imparfait. [...]
[...] Lucrèce, De la nature, Chant III, vers 86-93 Il faut alors distinguer quatre disciplines, disciplines qui correspondent chacune à un domaine d'objet déterminé : la physique, la théologie, la physiologie, et la psychologie. Les deux premières disciplines enseignent la nature des choses, les deux dernières doivent nous permettre de connaître ce que nous sommes. La physique épicurienne est une physique matérialiste et atomiste : il est possible de réduire tout le divers des phénomènes naturel à de la matière diversement configurée. La physique enseigne alors les lois de composition et de décomposition des corps. [...]
[...] Proposition de correction [Introduction] Parmi les fins, il faut distinguer entres ces fins qui ne sont jamais que des buts particuliers, et cette fin dernière que nous poursuivons tous et que nous appelons le bonheur. Tandis que le désir pour telle ou telle fin est simplement contingent, on peut bien dire que le désir pour la vie heureuse est nécessaire. Et si le bonheur, c'est cette fin qui est universellement désirée, pourquoi ne pas dire que le bonheur fait l'objet d'un désir naturel. C'est par nature que nous désirons tous la vie heureuse. [...]
[...] C'est encore la raison en tant qu'elle est la faculté permettant de tenir un discours rationnel sur les choses, en vue de les connaître. γραϕω (grapho) : verbe signifiant simplement écrire On le retrouve par exemple dans photographie ou encore, légèrement modifié, dans grammaire . Biologie : connaissance rationnelle du vivant en général. Biographie : connaissance (écriture) d'une vie singulière. Ce que la biologie nous permet de connaître, ce sont bien les caractères que tous les individus appartenant à la même espèce ont en commun. [...]
[...] Ou bien faut-il dire au contraire que la connaissance de notre nature, contrairement à la connaissance du monde, constitue un obstacle au bonheur ? La première solution semble la plus immédiate. En effet, si la prudence commence par la connaissance, on imagine assez mal comment la sagesse pratique pourrait consister à tout connaître du monde, et à se méconnaître soi-même. Le sage se connaît aussi bien lui-même qu'il connaît le monde. Et pourtant, si la question demeure, c'est qu'il y a peut-être quelque chose dans notre nature, qu'il vaut mieux méconnaître si l'on veut pouvoir vivre heureux. [...]
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