Dès l'Antiquité grecque, l'idéal du «kalos-agathos» témoigne de l'aspiration humaine ontologique au bien. Pourtant, l'homme est à l'origine de multiples et perpétuelles manifestations du mal, dont nul ne peut nier la réalité. Conditionné par ses penchants naturels, voire prisonnier de ses passions, il cherche alors à assouvir ses désirs et combler ses appétits infinis. La connaissance réfléchie de soi permet donc de nous délivrer du mal inhérent aux tendances et tentations humaines.
Néanmoins, la valeur des actes est exclue de l'animalité, soumise aux lois immuables de la providence naturelle. Quand dans la savane un lion tue une biche, il n'est pas immoral, il n'accomplit ni le bien ni le mal, mais répond seulement à ses besoins vitaux, obéissant à son instinct de conservation. Le jugement moral porte sur des actions réfléchies réalisées en toute conscience; la morale commence donc avec la connaissance et la comparaison des différents choix possibles à chaque situation.
[...] La déformation du message coranique crée les «bombes humaines» islamistes; le racisme du populisme est lié à la méconnaissance craintive de l'étranger. L'insistance de l'exposition des charniers des camps d'extermination du génocide hitlérien, et plus particulièrement l'enseignement historique de ce passé qui ne passe pas aux élèves allemands, se révèle nécessaire pour concrétiser la volonté du «plus jamais ça!». La laïcisation de l'école n'a pas ôté à l'éducation (paideia) sa portée morale; l'égalité socratique - la vertu (arétè) est connaissance (épistèmé) sous-entend que la science peut être enseignée et montre que la pédagogie entretient une relation étroite avec la moralité. [...]
[...] Mais cet idéal spiritualiste visant la sophia spéculative définitive est inaccessible du vivant dans le Phédon à cause de des «masses de plomb» du sema tombeau soma de l'âme exilée dans un monde matériel et mauvais. En attendant l'annihilation de l'enveloppe charnelle, l'homme doit alors se tourner vers une morale provisoire, «par provision» (Descartes), en ayant le moins possible «commerce avec le corps», en convertissant son regard à l'œil de l'âme, en s'exerçant à mourir, en fuyant l'excès et l'extrême -la moyenne est un sommet-. Ce perfectionnement moral (justice, honneur, droiture, vaillance, amitié philia) le délivre progressivement du mal contredisant la raison. [...]
[...] Les inclinations dérivant de la sensibilité excluent la liberté et la responsabilité de l'homme réduit à un animal innocent nécessairement soumis aux lois de la nature, ce qui arrive. La corruption de la raison maligne (volonté absolument mauvaise), se retournant contre la loi instituée par elle-même, est impossible car elle caractérise un être trop diabolique. Or, l'homme aspire au bonheur, souverain bien; il n'a donc aucune raison de mal agir. Le mal n'existe ni pour les anges ni pour les animaux; il s'adresse seulement avec un être fini à la fois rationnel et sensible, pas nécessairement soumis à la représentation de la loi et capable de révolte. [...]
[...] Il existe une corrélation entre la vie heureuse et l'exigence morale. Dans sa recherche du bonheur, l'animal vertical philosophique vise le souverain bien à travers chaque philosophie. Le confucianisme, avec Confucius dans ses Entretiens, prône la culture des vertus intellectuelles en vue du ren; le taoïsme l'union mystique au Tao, le bouddhisme le nirvana, l'hédonisme épicurien l'extase. Le principe dualiste du catharisme –malédiction perpétuelle du monde sensible terrestre œuvre de Lucifer (désordre matériel, perversité et souillure, ombre des ténèbres), et bien du monde invisible «cité de Dieu» (ordre spirituel, lumière)- suggère le salut de l'envol de l'âme déchue élevée par l'intelligence et la connaissance surnaturelle (Weil) vers le royaume des lumières. [...]
[...] Le mal est-il un égarement par manque de connaissance, peut-on être méchant volontairement et sommes-nous toujours responsables de nos actes? Quelles sont les interactions et les interdépendances entre le bien et la connaissance? Dans quelle mesure la libération du mal permet-elle l'accès au bien, et réciproquement? Ce problème imposé à nous envisage l'aventure dans la pensée pour entrevoir une réponse à la suite de notre cheminement qui s'articulera autour de trois axes de réflexion: d'abord, les causes du mal discutent le paradoxe socratique nul ne fait le mal volontairement, puis la connaissance du monde et de soi alliée à la conscience morale nous délivre du mal et nous dirige vers le bien puisqu'il suffit de bien juger pour bien agir, enfin, la science de la beauté rapproche même le sage de l'extase mystique. [...]
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