Il est fréquent, dans un procès, que l'accusé se défende en affirmant qu'il ne s'est pas rendu compte de la gravité de ses actes, ou qu'il a été emporté à les accomplir par une force irrésistible, qui lui a interdit de savoir ce qu'il faisait. De même, un enfant qui a « mal agi » essaie de faire valoir qu'il « ne savait pas » que c'était mal. De telles déclarations semblent bien éloignées de l'exigence socratique du « Connais-toi toi-même », qui comporte deux aspects complémentaires : c'est en se repérant comme être humain que l'on aura mieux conscience de ses devoirs, et c'est en sachant ce que l'on vaut que l'on pourra se comporter comme il faut. Le premier aspect est sans doute plus facilement réalisable que l'autre, et peut-être garantit-il en effet une conduite morale, du moins si l'on admet certains critères (...)
[...] La moralité peut-elle se ramener à cette obéissance ? Ne pourrait-on imaginer qu'une société impose à ses membres, pour maintenir son existence et son efficacité, des valeurs dont l'aspect moral serait des plus discutables ? Il est clair que l'histoire en fournit des exemples, et que cela n'a rien de purement imaginaire : il est difficile d'affirmer que les valeurs promues par la société du national-socialisme étaient bien morales. Il apparaît ainsi qu'obéir à un pouvoir imposant sa conduite de l'extérieur au sujet ne suffit pas pour définir le bien-agir RECOURS A L'INTERPRETATION PAR L'AUTONOMIE DE LA VOLONTE Ainsi a-t-on pu entendre, au procès de Nuremberg, des accusés affirmer, non pas qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient, mais qu'ils ne pouvaient qu'obéir aux ordres de leurs supérieurs (ce qui, si l'on voulait pousser le paradoxe, impliquait une certaine connaissance de leur statut). [...]
[...] Durkheim : la société à elle seule définit les valeurs morales et attend une obéissance de chacun, qu'il se connaisse ou non. Kant : c'est l'obéissance à la loi que je découvre en moi qui garantit la conduite morale ; il suffit que je me connaisse comme sujet rationnel CORRIGE Introduction Il est fréquent, dans un procès, que l'accusé se défende en affirmant qu'il ne s'est pas rendu compte de la gravité de ses actes, ou qu'il a été emporté à les accomplir par une force irrésistible, qui lui a interdit de savoir ce qu'il faisait. [...]
[...] Un tel écart suppose, dit Kant, un détraquement de la volonté : on est proche du pathologique, et s'il en est ainsi, l'hypothèse d'une connaissance de soi-même est totalement vaine. Le malade peut se savoir malade, ce n'est pas ce qui le guérit. Ce que ce malade ignore (ou méconnaît) en fait, c'est la complémentarité existant entre la moralité, la loi, la raison dont elle émane et l'universalité de l'humain. Car la raison est à la fois dans l'humanité et dans chacun de ses représentants. [...]
[...] D'une part, le rôle et l'importance de la conscience se trouvent considérablement réduits (elle ne représente plus qu'un dixième de l'appareil psychique) ; de l'autre, son intervention n'est plus du tout synonyme de lucidité : elle devient au contraire une source d'opacité ou d'illusion, s'il est vrai que ce qui me détermine se trouve dans mon inconscient, qui, par définition, échappe à ma saisie consciente. La connaissance de soi-même en devient extrêmement superficielle et lacunaire : tout ce qui participe de mes pulsions profondes et de mes déterminations les plus authentiques ne peut en faire partie. Bien entendu, il ne saurait être question d'en déduire que, dans de telles conditions, le bienagir lui-même devient impossible : Freud considère au contraire que la morale est nécessaire, et qu'elle existe. [...]
[...] se connaître soi-même ; 2. bien agir. Cela ne mènerait pas à grand-chose. Pas de faux sens sur bien agir : il ne s'agit pas d'agir seulement de manière efficace, et l'expression doit être prise au sens moral. Ne pas limiter l'examen du bien agir à une seule conception de la morale ; on peut commencer par des exigences faibles avant d'accéder à la conception la plus rigoureuse La problématique La connaissance de soi détermine-t-elle la conduite morale ? Tout dépend évidemment de ce que l'on entend par se connaître soi-même S'il s'agit de se connaître comme humain, animé de certains désirs ou craintes, la réponse peut être positive. [...]
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