Le dialogue est une alliance puissante et nécessaire de deux avis divergents, mais c'est aussi et surtout une quête de la vérité, qui participe à la progression et l'enrichissement des deux protagonistes (...)
[...] Car, comme l'a dit Aimée Forest, C'est dans le dialogue que les idées se forment, plus encore qu'elles ne se communiquent. en effet, tout comme le langage construit la pensée, le dialogue élabore l'idée. Et Socrate, dans ses multiples dialogues, amène de cette façon ses interlocuteurs à réfléchir de manière rationnelle, les mettant ainsi devant leurs propres contradictions et leur permettant de trouver des réponses : De même que sa mère accouchait les corps, lui accouchait les esprits disait-il à cet effet. [...]
[...] Or le dialogue n'est pas un combat, mais une alliance. Il est donc nécessaire pour chacun des protagonistes de reconnaître ses défauts, ses faiblesses, ses manques. Ce n'est qu'ainsi que l'on peut admettre et accepter son besoin de l'autre : si l'on nie le fait que notre théorie est insuffisante, on n'acceptera pas que quelqu'un puisse nous aider à la compléter. Le dialogue est avant tout suscité par un manque : celui d'une connaissance autre qui achèverait la nôtre. Les deux interlocuteurs ont tout deux des éléments nécessaires à la découverte d'une réponse à leur question, mais s'ils refusent de les partager, et se bornent à leurs faibles théories incomplètes, ils ne peuvent aboutir à rien. [...]
[...] Le dialogue s'oppose en effet au rapport de domination puisqu'il suppose un besoin mutuel. Il ne faut donc ni imposer ses idées comme les seuls valables, ni céder aux autres en pliant sous les arguments, sinon l'échange serait inutile, car on laisserait de côté la moitié des connaissances nécessaires à l'accomplissement du dialogue. On pense avec autrui, on ne pense pas pour autrui, ou par autrui. L'idée se construit ensemble, on ne la construit pas sur le sacrifice de l'opinion adverse. [...]
[...] Les conditions à la véracité d'un dialogue sont donc surtout du domaine du respect de la connaissance et de l'autre. Un véritable dialogue est un moment de plaisir et de partage, et pas un affrontement, et cela n'est possible que si les deux interlocuteurs se montrent humbles, à l'écoute, avides d'apprendre et respectueux ainsi que reconnaissants l'un envers l'autre. [...]
[...] Le véritable dialogue aboutit à une combinaison de théories que leurs créateurs ont associées en les affinant, en les revoyant avec soin : c'est un travail commun long et difficile, qui n'a rien à voir avec une lutte à mort, comme semble parfois l'être les débats présidentielles, où les adversaires ne cherchent qu'à se terrasser pour mieux prouver leur supériorité. Au contraire, le dialogue ne peut exister que si l'on accepte sa propre infériorité. Le dialogue est une alliance puissante et nécessaire de deux avis divergents, mais c'est aussi et surtout une quête de la vérité, qui participe à la progression et l'enrichissement des deux protagonistes. Le dialogue philosophique se construit grâce à l'amour de la sagesse, le philosophe tient sa raison d'être de la recherche du vrai. [...]
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