Nietzsche est unanimement considéré comme l'un des penseurs les plus importants de l'époque contemporaine. Il est également l'un des plus influents bien que cette influence se soit exercée à titre post-mortem. Beaucoup de ses concepts et de ses réflexions sont passés à la postérité (la « mort de Dieu », le surhomme, le dionysiaque, le ressentiment et la mauvaise conscience, etc.) mais il est également connu pour être celui qui, contre deux millénaires de métaphysique et d'idéalisme, a véritablement réintroduit le corps au premier plan de la philosophie. Le platonisme, le christianisme, avaient dévalorisé la chair («soma, sema » pour Platon : le corps est un tombeau). Nietzsche s'attache à leur redonner une dignité, à la fois épistémologique (le corps est un moyen de connaissance et de compréhension du monde, il est le « fil conducteur » de la recherche nietzschéenne) et éthique (le corps est tout ce que nous avons et nous devons partir de lui pour réfléchir sur le sens que nous voulons donner à notre vie). Ce travail a pour objet de rendre compte de cette conception nietzschéenne du corps, et de ce qu'elle a de novateur.
[...] Il n'est pas non plus un simple outil de connaissance empirique, ou encore ce qui nous ouvre au monde (puisque nous ne sommes rien en dehors du corps). Le corps est au contraire chez Nietzsche l'entitéé qui se cache derrièère toutes nos penséées et qui nous souffle nos rééflexions, au sens ou si celles si nous sont possibles, c'est d'abord qu'elles ont physiologiquement (au sens large) éétéé rendues possibles et néécessaires. De làà, soit dit en passant, la vision que Nietzsche a de la philosophie (ou plutôôt des philosophies) comme consééquence d'une idiosyncrasie: on a la philosophie de sa propre personne, de son propre corps. [...]
[...] La raison, la conscience, sont donc simplement des moyens pour la grande raison d'atteindre son but. De mêême, nos sentiments, nos sensations, nos idéées, n'ont pas de valeurs en eux-mêêmes; ils ne font que servir le dessein d'une grande raison qui est celle de notre corps, et si nous ressentons et pensons cela, c'est parce que notre corps l'a voulu que cela le sert c'est pour çça que Nietzsche rééhabilite l'illusion et l'erreur; pour lui en effet l'erreur et l'illusion peuvent êêtre prééféérable àà la vééritéé pleine et entièère si elles servent le corps, si elles permettent la vitalitéé et la santéé du corps. [...]
[...] Et pourquoi ne devrait-on pas parler comme des enfants? Mais celui qui est ééveilléé, celui qui sait dit: Je suis corps et part en part, et rien hors de cela; et l'ââme ce n'est qu'un mot pour quelque chose qui appartient au corps (Ainsi parlait Zarathoustra, Des contempteurs du corps La penséée de Nietzsche consiste donc en un pur monisme (la nommer matéérialisme serait peut êêtre un peu forcer les choses, car ce n'est pas vraiment sur ce point que se porte sa rééflexion). [...]
[...] (dans une moindre mesure, Nietzsche agresse aussi la religion, mais il y passe moins de temps: il considèère que la religion est dééjàà moribonde, et lorsqu'il dit Dieu est mort ce n'est pas un assassinat mais un simple constat de sa part). Selon Nietzsche, toute la philosophie critique jusque-làà (et bien sûûr, Kant au premier chef) a éétéé menéée au nom de valeurs (le Vrai par exemple). Mais le temps est venu de juger la valeur des valeurs, c'est àà dire de s'atteler àà leur critique. [...]
[...] Tout cela paraîît un peu confus, voire abscons. Mais bref; le cheminement, pour Nietzsche, qui mèène au Surhomme, passe par l'éétablissement d'une morale aristocratique (attention en comprenant ‘aristocratique‘; ce mot n‘est pas àà prendre au sens politique; il s‘agit en fait de la traduction de l‘allemand ‘vornehm‘ qui peut aussi se comprendre comme ‘distinguéé‘, ‘ééléégant‘), c'est àà dire d'une morale affirmatrice ; ou, pour parler autrement, par l'exercice du grand style Cela consiste àà dire qu'au lieu de rééprimer les instincts, de les refouler, de les culpabiliser et de les charger de morale ceci est bien ; ceci est mal il est néécessaire de leur rendre leur innocence et leur neutralitéé originelle Vous conseilléé-je de tuer vos sens? [...]
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