La philosophie de l'histoire est une matière étudiée par la plupart des philosophes allemands du 18e et 19e siècles. Avec sa philosophie idéaliste de l'histoire, Hegel s'inscrit dans le prolongement direct de ses prédécesseurs (Kant, Herder, Fichte, Schelling) tout en apportant un questionnement différent et des solutions nouvelles. Né en 1770 à Stuttgart, Hegel est marqué durant sa vie par de grands évènements historiques comme la Révolution française puis par les guerres napoléoniennes (il est contraint d'interrompre ses activités universitaires lors de l'arrivée de Napoléon à Iéna). Il occupe une chaire de philosophie à Berlin au moment où il rédige La Raison dans l'Histoire, ouvrage où il développe l'idée selon laquelle l'histoire a un sens et ce sens est la réalisation de l'Esprit absolu, c'est-à-dire d'un esprit du monde devenu conscient de lui même par la philosophie. Hegel cherche à décomposer le concept général d'Histoire dans toutes ses facettes.
Comment, à travers un examen des différentes manières d'écrire l'histoire, Hegel analyse-t-il la démarche intellectuelle qui consiste à partir d'évènements concrets pour parvenir à une compréhension philosophique de l'histoire?
[...] L'analyse de Hegel distingue trois sortes d'histoire, l'histoire originale consigne l'histoire vivante en relatant les souvenirs du vécu, à partir de là, le travail de l'historien est de produire une histoire réfléchie. Cependant Hegel forte un regard assez négatif sur ces deux premières manières d'écrire l'histoire, l'influence des représentations rend impossible l'objectivité absolue et il semble aussi difficile d'obtenir une vue d'ensemble de l'histoire mondiale qui articule à la fois point de vue général et soucis du détail. Ce constat que fait Hegel a pour but de nous montrer l'importance d'une nouvelle forme d'histoire qui permette de comprendre l'histoire à travers des concepts. [...]
[...] Transmettre la mémoire, telle est la mission majeure de ceux que l'on désigne comme des mémorialistes, des chroniqueurs, des annalistes. Ils produisent une matière qui permet aux historiens de développer une deuxième, d'écrire l'histoire, l'histoire réfléchissante L'histoire réfléchissante: la reconstruction d'un passé proprement achevé L'histoire réfléchie ou réfléchissante présuppose une réparation stricte entre l'historien et l'époque qu'il décrit ainsi qu'un travail d'élaboration spécifique. Elle se heurte surtout en premier lieu à une difficulté méthodologique. Comment restituer dans la culture du temps présent de l'historien, la culture d'une époque révolue? [...]
[...] Il permet ainsi de dépasser le présent pour l'inscrire dans l'histoire. Cependant, l'histoire originale présente un certain nombre d'inconvénients: tout d'abord son contenu est nécessairement limité puisque l'historien ne dispose pas du recul suffisant pour analyser les faits. Sa proximité temporelle les conséquences, les influences, les répercussions, ce qui limite forcément la compréhension de cette histoire. Un autre trait caractéristique qui pose problème est l'unité d'esprit, la communauté de culture qui existe entre l'écrivain et les actions qu'il raconte Ce qui remet en cause l'objectivité de l'historien. [...]
[...] En plus de cette distance inévitable que nous avons avec le passé, Hegel explique que chaque époque forme une situation si particulière que même si certaines situations peuvent paraître analogues rien ne prouve que ce qui a été bien dans un cas pourrait l'être dans un autre Par exemple, il y a quelques dizaines d'années encore, un pays grand et riche comme les États-Unis aurait tôt fait de neutraliser un petit pays comme la Corée du Nord. S'attacher au passé peut donc même être néfaste. Il est plus utile dans le tumulte des évènements du monde de s'attacher à ce qui se passe vraiment et de chercher des solutions. Le pire défaut de l'histoire pragmatique est d'oublier que l'histoire est avant tout changement et singularité. Un événement est forcément unique, il ne peut pas se répéter à l'exacte identique. On ne peut donc pas tirer des lois de l'histoire. [...]
[...] Son aspect thématique, le fait qu'elle cherche à embrasser un sujet dans toutes les époques, tous les lieux et à dépasser ces facteurs de différenciation pour en comprendre les caractères universels, rapproche selon Hegel, l'histoire spéciale de la philosophie. L'histoire originale et l'histoire réfléchissante font appel à des facultés de l'esprit différentes. La première touche à la conscience immédiate, le sentiment que certains faits ont leur importance et méritent d'être transmis à la postérité, elle est de l'ordre du ressenti. La seconde fait appel à l'entendement, la réflexion, la recherche des causes, des conséquences, des liens entre les faits. Elle amène à un niveau supérieur dans la science historique, celui de la compréhension de l'histoire. [...]
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