La question n'est pas de savoir, de la Dissertation de 1770 ou de la Critique de la Raison Pure, laquelle est la plus aboutie, eu égard au fait que Kant reconnaissait lui-même l'inégalité de ces deux travaux, mais bien plutôt de se demander, au travers du passage de l'une à l'autre, ce qu'il est advenue de ce que l'on appelle « la chose en soi ».
La Dissertation de 1770 ou la forme et les principes du monde sensible et du monde intelligible, ne serait-ce que par sa structure, témoigne d'une bipolarité que Kant maintient entre un monde sensible et un monde intelligible. Ainsi, la première section a pour objet de définir le monde en général, la seconde distingue la connaissance sensible de la connaissance intelligible, les troisième et quatrième exposent les principes respectifs de ces deux mondes, et enfin, la cinquième section fait apparaître les antinomies et tente d'y apporter une solution. Ce qui est significatif dans la Dissertation de 1770, c'est qu'elle est à la fois « un point d'arrivée et un point de départ », comme l'écrit P. Mouy. Elle est à la fois ce qui clôture la période précritique, et ce qui amorce la période critique. Si les principales doctrines de Kant y sont déjà esquissées, pour ne pas dire établies – nous y reviendrons- elles ne font pas encore système. De fait, se pencher sur la question de la chose en soi dans cet opuscule revient à étudier ce qui, dans une pensée encore en germes, peut faire signe vers la chose en soi telle qu'elle est présentée et rendue problématique dans la Critique.
[...] Ainsi, deux secteurs égaux et de sens contraire ne sont pas dans le même rapport d'affirmation et de négation. Il en est de même pour le paradoxe des objets symétriques (deux mains). L'espace et le temps comportent une part de rationalité mais cette rationalité est entièrement distincte d'une rationalité logique. Il y a donc dans l'espace un fait irréductible au concept. Kant dira aussi bien du temps et de l'espace que ni l'un ni l'autre ne sont quelque chose d'objectif et de réel[10] au contraire, ils sont tous deux subjectifs et idéaux - L'abstraction de la chose en soi Si l'espace et le temps appartiennent au sensible, si une séparation nette est élevée entre le sensible et l'intelligible, entre le phénomène et le noumène, entre l'usage logique et l'usage réel de l'entendement, il faut se demander ce que nous pouvons savoir de la chose en soi, du noumène, c'est à dire de ce qui est simplement pensé sans intervention du sensible. [...]
[...] La Critique de la Raison Pure, traduction d'Alexandre J-L. Delamarre et François Marty, à partir de la traduction de Jules Barni. La Critique de la Raison Pure, traduction d'A . Tremesaygues et B. Pacaud. Lettre à Marcus Herz du 21 Février 1772, trad. A. Philonenko. [...]
[...] F. Alquié, la position du problème critique (1767-1781) Tome section IV des Œuvres Philosophiques de Kant, Bibliothèque de la Pléiade. M. Malherbe, Kant ou Hume, ou la Raison et le Sensible, 2nde Edition, Paris 1993. La Dissertation de 1770, II,4. Que nous désignerons par la suite par le seul mot de Critique Introduction de La Dissertation, éd. Vrin. Herman Vleeschauwer, La Déduction Transcendantale dans l'œuvre de Kant. [...]
[...] Ce qui est significatif dans la Dissertation de 1770, c'est qu'elle est à la fois un point d'arrivée et un point de départ comme l'écrit P. Mouy[3]. Elle est à la fois ce qui clôture la période précritique, et ce qui amorce la période critique. Si les principales doctrines de Kant y sont déjà esquissées, pour ne pas dire établies nous y reviendrons- elles ne font pas encore système. De fait, se pencher sur la question de la chose en soi dans cet opuscule revient à étudier ce qui, dans une pensée encore en germes, peut faire signe vers la chose en soi telle qu'elle est présentée et rendue problématique dans la Critique. [...]
[...] Peut-on imaginer retrouver la même caractérisation de la chose en soi entre la Dissertation et la Critique ? Dans le cas contraire, pourrait-on penser que l'évolution de la chose en soi entre les deux travaux est significative du passage de l'un à l'autre ? La lecture de la Dissertation de 1770 laisse entendre qu'à ce moment là, pour Kant, chose en soi et noumène sont une seule et même chose. Il faut donc comprendre pourquoi la Dissertation donne lieu à cette assimilation alors que la Critique s'efforce d'en démontrer la dissemblance. [...]
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