L'obsession de calmer l'angoisse : "L'enfant qui prend le sein, vous le lui retirez, il pleure, il est malheureux. Vous le lui rendez, il se calme. Cela fait des années, les uns et les autres, que nous cherchons notre sein. On voudrait un "bon objet", comme disent les psychanalystes, qu'on puisse posséder, qui nous comblerait, qui ferait qu'on ne manquerait plus de rien... Pas de chance : on est sevré, cette histoire est finie, terminée. Il est temps de grandir." (...)
[...] Non pas tout espace de temps où l'on est joyeux - car même lorsqu'on est heureux il y a des moments de fatigue, de tristesse, d'inquiétude - mais toute durée où l'on a le sentiment que la joie peut être là d'un instant à l'autre. À l'inverse, le malheur c'est quand la joie paraît immédiatement impossible, lorsqu'on se dit qu'on ne pourrait être heureux que si quelque chose changeait l'ordre du monde. III. Le bonheur désespérément : une sagesse du désespoir, du bonheur et de l'amour. [...]
[...] Mais si nous ne sommes pas heureux, ce n'est pas toujours parce que tout va mal. Il arrive aussi, et plus que souvent, que nous ne soyons pas heureux alors même que tout va à peu près bien, au moins pour nous [ ] Qu'est-ce qui nous manque pour être heureux, quand on tout pour l'être et qu'on ne l'est pas ? Il nous manque la sagesse. Je sais bien que les stoïciens ( et les épicuriens n'étaient guère moins ambitieux ) prétendaient que le sage est heureux en toute circonstance, quoi qu'il puisse lui arriver [ ] Je me contenterais volontiers d'une sagesse moins ambitieuse ou moins effrayante, d'une sagesse de second rang qui me permettrai d'être heureux non pas quand tout va mal ( je n'en suis pas capable et n'en demande pas tant mais quand tout va à peu près bien, comme c'est le cas dans les pays un peu favorisés par l'histoire et pour beaucoup d'entre nous le plus souvent. [...]
[...] Donc toute espérance ne porte pas forcément sur l'avenir. On peut espérer aussi le passé ou le présent, pour peu qu'on les ignore. p.39 Espérance et autonomie : Nul n'espère ce dont il se sait capable [ ] C'est ce qui distingue l'espérance de la volonté : une espérance, c'est un désir dont la satisfaction ne dépend pas de nous, comme disaient les stoïciens par différence avec la volonté, laquelle, au contraire, est un désir dont la satisfaction dépend de nous [ ] Quand on peut faire, il n'y a plus lieu d'espérer, il s'agit de vouloir. [...]
[...] C'est le seul bonheur qui ne soit pas manqué. Non pas le désir de ce qu'on n'a pas, ou qui n'est pas ( le manque, l'espérance, la nostalgie mais la connaissance de ce qui est, la volonté de ce qu'on peut, enfin l'amour de ce qui passe et qu'on n'a même plus besoin, dès lors, de posséder [ ] On n'espère que ce qui ne dépend pas de nous ; on ne veut que ce qui en dépend. On n'espère que ce qui n'est pas ; on aime ce qui est. [...]
[...] Nous ne cessons d'être séparés du bonheur par l'espérance même qui le poursuit. Dès lors qu'on espère le bonheur ( Qu'est-ce que je serais heureux si on ne peut échapper à la déception : soit parce que l'espoir n'est pas satisfait ( souffrance, frustration soit parce qu'il l'est ( ennui ou, à nouveau, frustration : comme on ne peut désirer que ce qui nous manque, on désire immédiatement autre chose et l'on n'est pas heureux pour autant p.26 Exemples du désir comme manque : Pour le chômeur, le travail pourrait être un bonheur ; mais quand on a un travail, le travail n'est pas un bonheur : le travail est un travail. [...]
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