Cependant, tout savoir repose (...)
[...] On voit donc bien que nous ne croyons pas ce que nous savons c'est-à-dire que le fait de savoir anéantit la croyance et ainsi les progrès scientifiques seraient la cause d'un certain recul de la croyance auquel on semble assister. Cependant, le savoir peut se heurter à la croyance et n'être pas accepté. On peut alors interpréter la citation de JP Dupuy comme un regret. Nos sociétés n'adhéreraient pas assez à des savoirs qu'elles savent pourtant être vrais. Il y aurait un certain désintérêt, une défiance vis-à- vis du savoir. Le savoir, notamment théorique ne permettrait par exemple pas de comprendre. [...]
[...] C'est notamment la thèse que défend Max Weber dans l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Face au vaste mouvement de rationalisation de nos sociétés occidentales, dont il trouve des illustrations aussi variées que la science (émergence et codification des méthodes et démarches scientifiques), les arts (utilisation des partitions pour la musique, de la perspective pour la peinture ) . correspondrait un désenchantement du monde marqué par le recul des croyances. Devant les progrès de la recherche scientifique, du savoir, de l'éducation convaincre devient en effet plus aisé puisque l'on peut s'appuyer sur des raisonnements et autres expériences et permet ainsi de lutter contre l'obscurantisme des croyances. [...]
[...] Nous ne croyons donc pas ce que nous savons puisque croire et savoir procèdent de deux logiques différentes et opposées. L'une d'elle tend à faire reculer l'autre, mais doit être en concordance avec l'autre. C'est pourquoi on peut interpréter la citation de J P Dupuy comme un regret. Regret que nous n'adhérions pas plus au savoir, source d'un monde meilleur, mais aussi que le savoir ne se considère pas assez comme une croyance, ce qui serait une barrière efficace à la fois au dogmatisme de la croyance et à la prétention universelle du savoir. [...]
[...] De même, l'économie, notamment avec H. Simon (qui parle de rationalité limitée a pu montrer qu'il est impossible d'adopter un comportement rationnel car l'information disponible pour un agent n'est pas suffisante, ou même que la rationalité peut conduire à des situations irrationnelles (Keynes met ainsi en évidence les comportements moutonniers des agents qui, sur les marchés financiers, peut provoquer des crises). Au-delà de la seule rationalité, c'est tout savoir qui est potentiellement remis en cause. La prétention universelle de tout savoir est sujette à une limite importante : un savoir n'est jamais universel (c'est par exemple ce que K Marx reprochait aux économistes bourgeois de faire passer pour naturelles des lois qui n'existent que dans le cadre de la société capitaliste, qui, elle, est dépassable), il est toujours inscrit dans un paradigme scientifique donné (c'est ce que T. [...]
[...] Cette insuffisante croyance en ce que nous savons et qui a été démontré scientifiquement (qu'on pourrait par exemple expliquer par une déconnection des sphères de la recherche et celle de la transmission ou du monde réel, dont le symbole serait la phrase d'un économiste qui disait en substance que si la réalité ne correspond pas aux modèles économiques, alors il faut changer la réalité et non pas les modèles économiques) peut alors être préjudiciable au progrès. Cette citation de J P Dupuy peut donc être appréciée de différentes façons. Elle illustre que croire et savoir procèdent de deux logiques différentes et opposées mais elle peut aussi être comprise comme un regret que nous ne croyions pas assez en ce que nous savons, ce qui pourrait avoir des conséquences négatives. [...]
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