« Pour s'arracher au quotidien, à l'habitude, à la paresse mentale qui nous cache l'étrangeté du monde, il faut recevoir comme un véritable coup de matraque. Sans une virginité nouvelle de l'esprit, sans une nouvelle prise de conscience, purifiée, de la réalité existentielle, il n'y a pas de théâtre. »
Quelle réflexion sur la nature et la fonction du théâtre vous suggère ce propos d'Eugène Ionesco ?
[...] Le théâtre et son double. Editions Flammarion (1985). Bonnerot, Sylviane. Visages du théâtre contemporain. Masson et Cie (1971). Ionesco, Eugène. La Cantatrice chauve. Gallimard (1972). Ionesco, Eugène. Notes et contre-notes. [...]
[...] Mais pourquoi Ionesco parle-t-il d'un coup de matraque ? Pour forcer le spectateur à participer, le théâtre doit être violent il doit inquiéter. C'est grâce à cette violence que les spectateurs peuvent retrouver une conscience nouvelle, purifiée qui leur permet d'atteindre les vérités. Pour atteindre ces vérités, Ionesco a donc renouvelé le théâtre. Il l'a débarrassé de la psychologie, de la doctrine et de la thèse afin de retrouver cette naïveté de l'homme. Le théâtre ne doit pas se contenter de nous toucher ou de nous atteindre superficiellement, il doit atteindre les sources profondes de l'être. [...]
[...] Mais puisque rien ne renvoie à la signification, tout retourne à l'insignifiance. Cette insignifiance est à la source de l'authenticité de l'enfance, infans se disant de qui, non prisonnier de la parole et non ficelé dans le réseau des explications, en est toujours à l'appréhension joueuse et joyeuse du monde. L'enfance dit Ionesco dans son Journal en miettes, c'est le monde du miracle ou du merveilleux : c'est comme si la création surgissait, lumineuse de la nuit, toute neuve, toute fraîche, et tout étonnante Dans cette conversation l'absurdité règne, les significations sont absentes mais le sens est bien présent. [...]
[...] Cette pièce marque notre vie. Le couple devant nous a en lui tout le pouvoir de destruction propre aux hommes et aux femmes et toute la mémoire de la civilisation méditerranéenne et agraire en train de disparaître. Le théâtre, c'est peut-être ça : une pièce qui en plus de nous montrer une partie de la vie que nous ignorions, c'est-à-dire cette étrangeté du monde dont parle Ionesco, nous transporte dans cet univers, nous perturbe, nous fascine et nous maintient dans une constante réflexion sur le sens de notre vie et de nos relations. [...]
[...] Dernier recours devient ernier recours Tout sert à donner de la profondeur au vide. Nous ne croyons pas à la réalité des Vieux et le théâtre retrouve sa valeur de signe, de démonstration. Ionesco redonne ici au langage sa densité. Il écrivit dans une lettre à Sylvain Dhomme : Le thème de la pièce . sont les chaises, c'est-à-dire l'absence de personnes , l'absence de matière, l'irréalité du monde, le vide métaphysique ; le thème de la pièce, c'est le rien. [...]
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