Sciences humaines et arts, communauté scientifique, communautarisme en science, démocratisation scientifique, activité scientifique, processus pédagogique, Nietszche
Dans l'esprit populaire, la science reste généralement l'affaire d'une minorité, d‘un microcosme et d'une élite intellectuelle : rares sont donc les affiliés d'un tel groupuscule, que nous nommons vulgairement la « communauté scientifique » - du latin communis, les charges partagées, les obligations mutuelles -. Soulignant par là la marginalité et la dimension sociale de la science (une discipline qui favorise la cohésion de ses membres), la doxa présuppose ici le groupement spontané d'individus, dont la corporation reste en marge du modèle nucléaire de la société.
Réunis selon des centres d'intérêt commun, les scientifiques semblent effectivement soumis à un certain communautarisme : la dimension linguistique, culturelle, méthodique et même spirituelle creuse d'autant plus les frontières d'une telle congrégation, dont les adhésions restent limitées.
Mais cette ligature n'est-elle pas finalement artificielle ? Face à l'unicité supposée de la « communauté », nous pouvons en effet souligner la partition effective de la discipline et la pluralité des sciences en général : n'y aurait donc pas, au sein de l'activité scientifique, un certain éclectisme visant à limiter davantage encore l'intégration à cette communauté scientifique ? Un terme qui semblerait alors paradoxal, pour un groupuscule qui reste en tout point de vue mathématicien, voire astrophysicien.
[...] La science serait alors en lutte perpétuelle avec ce communautarisme, source de préjugés chimériques qui tendent à la rendre arrongante, élitiste et marginaliste. Mais n'est-elle pas au contraire l'affaire de tous ? Par ailleurs, si le recoupement spirituel et intellectuel cimente, dans l'hypothèse, une réelle corporation scientifique, est-ce néanmoins suffisant pour légitimer ce terme de communaunauté ? En effet, les frontières d'une telle organisation semblent bien floues et l'appartenance de certaines personnalités à celle-ci n'est pas proprement labellisée : la communauté scientifique semble donc bien différente de la communauté pakistannaise ou chrétienne, par exemple, dont la cohérence n'est pas soumise à l'examen philosophique. [...]
[...] Cf Règle IX de Règles pour la direction de l'esprit > le poid des corps célèstes est étudié en analogie avec le mouvement d'un bâton. >chacun reste libre de devenir scientifique, et l'esprit demeure secondaire dans ce choix >voilà donc ce que la pensée cartésienne nous apprend. Mais si chacun semble pouvoir accéder à la science, comment se fait-il que nous parlions encore et toujours d'une communauté scientifique ? Serait-ce la paresse, qui condamnerait ainsi la science à la marginalité ? [...]
[...] En ce sens, l'esprit cartésien rejoindrait très certainement celui de Nietzsche : la science est une discipline qui s'acquiert par soi-même (contrairement aux idéaux véhiculés par la scolastique). Le communautarisme scientifique reste donc de marbre face à cette vulgarisation supposée de la science > la recherche semble donc occuper une place centrale dans cette appartenance à la communauté scientifique. Si la masse devient, certes, savante, il s'agit davantage ici d'érudition que de véritable science (qui impliquerait une recherche personnelle et une vérité subjective, et non relayée dans différents manuels). [...]
[...] Dimension linguistique qui imprègne l'ensemble de cette communauté de scientifiques : Frege, le langage mathématique. Mise à part la société, la communauté ne possède pas de lieu concret > ses frontières sont paradoxalement bien tracées mais il s'agit davantage de frontières spirituelles (sentiment d'une appartenance, pas une confrérie labélisée). Cependant, au centre de la notion de communauté se trouve bien cette dimension d'unification dans un seul et même corps > or, la science reste partiellement fragmentée : multiplicité des sciences, diversité des méthodes (sciences empiriques, sciences pures et formelles), eclectisme au sein de l'activité elle-même (supériorité des sciences pures sur les sciences humaines débats concernant la scientificité de certaines diciplines (ex l'économie : grand débat qui anime la communauté scientifique, suite à la remise du prix nobel à Robert J.Shiller. [...]
[...] Valeurs communes, qui surplantes les différences et qui réunifient. R.K Merton l'ethos de la science > expression qui désigne l'ensemble des valeurs et des normes partagées par les hommes de science > l'armature normative qui structure la communauté scientifique : L'universalisme (si le scientifique a une patrie, la science n'en a pas) Le collectivisme (scientifique est l'héritier des découvertes qu'il doit faire fructifier, pas d'appartenance de la science à l'individu) Désinterressement (la science ne doit pas être un fond de commerce Le scepticisme organisé (maintient de l'esprit critique et du doute) Cependant, les rapports ambigues entres science et société placent l'activité scientifique au cœur du fait social > la science devient alors une puissance intellectuelle, au coté de la religion, de la philosophie et de l'art. [...]
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