Le mot « commun » possède des significations proches et un peu différentes selon qu'on le prenne au singulier, au pluriel, qu'il soit un nom ou un adjectif. On verra dans un premier temps le commun comme principe d'action politique, le commun contre la propriété privée. Puis, nous essaierons de penser l'inappropriable pour penser le commun pour finalement aborder le commun et le fédéralisme; la perspective politique de Dardot et Laval.
[...] Il s'agit, comme le souligne Pierre Crétois dans son livre « La Part Commune », de renverser la tendance à considérer la propriété comme absolue et essentielle qui est au fondement de l'idéologie propriétariste. Cette idéologie repose ainsi sur l'idée qu'un individu possède une chose de manière juste, absolue et exclusive et que personne ne peut prétendre avoir des droits dessus. Cette idée a notamment été étudiée dans le livre de C.B. Macpherson « La théorie politique de l'individualisme possessif ». [...]
[...] L'air ou l'éclairage public sont des exemples classiques de bien public. Les biens publics ne peuvent être produits par le marché économique et on considère que l'État doit les prendre en charge, ou si ce n'est lui, une entité qui ne cherche pas réaliser un profit. À côté de ces biens clairement distingués, on va trouver des biens mixtes, comme par exemple les « biens de clubs » qui sont exclusifs tout en étant non-rivaux. Il faut payer pour y accéder mais leur utilisation ne diminue pas pour tous ceux qui ont payé. [...]
[...] Ces luttes refusent notamment les usages de la propriété, qu'elle soit privée ou publique. Elles refusent à la fois le capitalisme autorégulé que le capitalisme ou le communisme d'État. Dans la même perspective qu'un conseillisme ou un municipalisme, mais ouvert de manière plus large à l'expérimentation sociale et politique, il cherche l'auto gouvernement et la démocratie radicale, sociale, et véritable, fondé donc sur l'agir commun. Contre l'État-nation et la souveraineté, il s'agit alors de faire émerger le fédéralisme et la coopération. [...]
[...] Ainsi, les « biens privés » sont dits exclusifs et rivaux. Un bien est exclusif quand son propriétaire peut être le seul à en profiter (on doit payer pour en profiter). Un bien est rival quand ce bien entraîne une rivalité entre les personnes du fait que son achat entraîne une diminution de la quantité de ce bien (son usage diminue la quantité d'autres usages pour autre). Les biens privés exclusifs et rivaux couvrent typiquement les marchandises par les entreprises privées. [...]
[...] La meilleure manière dès lors pour Dardot et Laval de redonner de sa force au concept de commun et de le rendre ainsi plus clair en évitant de le naturaliser ou de l'essentialiser, c'est de le penser comme un principe d'action politique d'où pourraient dériver des choses communes par le choix d'une communauté. En tant que principe d'action politique, il doit être radicalement démocratique et émerger par le bas. La perspective de Dardot et Laval est foncièrement anti-autoritaire et d'inspiration libertaire. En ce sens, le commun s'oppose aux communismes d'Etat et à la propriété étatique ou bureaucratique du haut. [...]
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