En théorie, on parle souvent de concurrence loyale, de commerce équitable, d'éthique économique, comme si l'objet de l'activité commerciale était spontanément relié à la chose morale. Pourtant, en pratique, le travail des enfants, l'esclavage, l'inégalité des termes de l'échange sont régulièrement associés au commerce.
[...] Chaque activité commerciale doit être accomplie par et pour l'homme. Car le commerce n'est pas moral en soi mais amoral : il peut apporter la guerre (l'Irak) ou la paix (l'Union Européenne), la connaissance (le livre) ou l'asservissement (l'esclavage) Il est seulement un moyen qui doit avoir pour fin l'homme. C'est en cela que Machiavel sépare la morale de la politique car il ne considère pas la politique comme une fin l'art de vivre ensemble mais comme un moyen l'art de garder le pouvoir. [...]
[...] De plus, l'existence de l'Organisation Mondiale du Commerce tend à montrer qu'il faut réguler le marché, corriger le commerce. Les pays du Nord accusent régulièrement les pays du Sud de concurrence déloyale, de dumping social ou écologique. Le libre-échange serait forcément déloyal. La main invisible d'Adam Smith ne semble pas suffisante à la régulation du commerce. Ainsi, dans les faits, il paraît difficile de réconcilier morale et commerce. Mais, existe-t-il une liaison spontanée et évidente entre ces deux concepts ? Les attributs de la chose commerciale ne semblent pas a priori moraux. [...]
[...] Lorsque le commerce est un moyen pour satisfaire l'homme, il prend un visage humain. Lorsque le commerce est une fin, il utilise tous les moyens : le mensonge ou l'exploitation. Le commerce a donc des répercussions politiques entre les hommes et géopolitiques entre les peuples. Il ne faut pas considérer le commerce comme un moyen d'une partie des humains de profiter des autres humains. Pour devenir un être moral et un citoyen cosmopolite, il faut nécessairement considérer le commerce comme un moyen pour l'humain et non pas une fin qui profite de l'humain. [...]
[...] Si Machiavel a séparé morale et politique, pouvons-nous penser une activité commerciale sans morale ? En théorie, on parle souvent de concurrence loyale, de commerce équitable, d'éthique économique, comme si l'objet de l'activité commerciale était spontanément relié à la chose morale. Pourtant, en pratique, le travail des enfants, l'esclavage, l'inégalité des termes de l'échange sont régulièrement associés au commerce. Ce paradoxe, ou plutôt ce décalage, nous amène à nous demander si tout comme Machiavel a séparé morale et politique, nous pouvons penser l'activité commerciale sans la morale : le commerce est-il forcément immoral ? [...]
[...] Le commerce peut se réconcilier avec la morale à condition de penser une éthique commerciale. L'éthique est ce qui doit être et non ce qui est, l'ensemble des fins de l'action humaine, un impératif catégorique pour reprendre des termes kantiens. L'éthique commerciale est donc au croisement de l'éthique individuelle (le comportement), de l'éthique professionnelle (la déontologie) et le l'éthique sociale (les institutions). La morale est l'éthique appliquée. L'exemple du commerce équitable et du développement durable montre la tentative de réconcilier commerce et morale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture