François Jacob, biologiste et médecin français du XXème siècle s'est souvent interrogé sur la nature humaine et le rôle de la science. Cet extrait de son essai Le Jeu des possibles illustre sa prise de position. « Rien n'est aussi dangereux que la certitude d'avoir raison », telle est la phrase aussi catégorique qu'accablante qui constitue l'ouverture de ce texte. Dans un premier temps, l'auteur dénonce le fanatisme et le dogmatisme qui s'appuient sur une subjectivité destructrice. Ensuite, il les compare et les oppose à la science avant de présenter le rôle bienfaiteur de celle-ci.
[...] Cependant, les premières cibles de cette accusation sont probablement les régimes totalitaires. François Jacob énumère les propositions désignant la doctrine de ces derniers: au nom de la religion, du nationalisme légitime En effet, persuadés de détenir la vérité et d'agir pour les bienfaits de l'humanité au nom d'une politique idoine ces régimes totalitaires se sont en réalité révélés indubitablement meurtriers. Les idéologies communiste et nazie reflètent parfaitement cette certitude d'avoir raison Lénine a été jusqu'à affirmer qu'il ne reculerait pas devant le sacrifice d'une génération pour l'établissement du bonheur communiste en Russie. [...]
[...] Ainsi, pour Kant, La croyance, ou la valeur subjective du jugement, présente les trois degrés suivants : l'opinion, la foi et la science. Ici, c'est la foi dont il est question dans les propos de François Jacob. De plus, la certitude est le sentiment subjectif de la vérité d'une affirmation ou d'un fait. Cependant, si l'on peut être absolument certain d'une chose vraie, on peut l'être aussi d'une chose qui va se révéler tout à fait fausse. C'est donc l'absence de garantie objective qui prive la croyance de l'assentiment universel. Néanmoins, on ne peut opposer catégoriquement la croyance au savoir. [...]
[...] Pour lui, une démarche scientifique, purement objective, aurait pu éviter ces excès. L'auteur lance donc un message aux générations à venir : c'est la vérité objective qui doit dicter la ligne de conduite de chacun. Ce texte incarne alors un espoir, l'espoir que plus jamais cette certitude d'avoir raison ne nuise aux citoyens du monde. [...]
[...] Ainsi, il sous-entend que la raison et même la science, c'est-à-dire le savoir, devraient dicter la ligne de conduite de nos dirigeants pour éviter les conséquences destructrices de la dimension subjective de la croyance. Ce texte opère donc une distinction entre le concept de croyance et celui de savoir. D'une part, le champ du savoir est dominé par un type particulier de connaissance qui est la science, même s'il ne saurait s'y réduire. Il existe en effet des savoirs qui ne relèvent pas de la connaissance scientifique comme les savoir-faire (je sais piloter un avion), les savoirs empiriques ou les savoirs philosophiques. [...]
[...] Commentaire de texte : François Jacob, Le jeu des possibles Texte Rien n'est aussi dangereux que la certitude d'avoir raison. Rien ne cause autant de destruction que l'obsession dune vérité considérée comme absolue. Tous les crimes de l'histoire sont des conséquences de quelque fanatisme. Tous les massacres ont été accomplis par vertu, au nom de la religion vraie, du nationalisme légitime, de la politique idoine, de l'idéologie juste ; bref au nom du combat contre Satan. Cette froideur et cette objectivité qu'on reproche si souvent aux scientifiques, peut-être conviennent-elles mieux que la fièvre et la subjectivité pour traiter certaines affaires humaines. [...]
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