Pourquoi faut-il souhaiter une séparation radicale de la foi et de la philosophie ? Pour Schopenhauer, celles-ci appartiennent, et doivent donc appartenir, à deux domaines tout à fait distincts et complètement indépendants, l'une ne devant même pas se soucier de l'autre, et cela pour leur bien respectif. Dans les deux premières lignes, il commence par affirmer l'absence de toute parenté entre les deux disciplines ; puis il montre que la séparation qui s'impose ne présente aucun inconvénient pour la foi pourvu qu'elle ne cherche pas à s'immiscer dans un domaine qui n'est pas le sien et sur lequel elle n'a en conséquence aucun droit (...)
[...] Qu'elle prétend en conséquence la supplanter sur son propre terrain ? Or n'a-t-il pas été dit plus haut que lorsque la foi concurrence la philosophie à propos de ce que l'on peut savoir, elle n'est plus qu'inutile et ridicule ? C'est exactement ceci qui permet à Schopenhauer, de manière catégorique, de repousser cette objection. Ou bien la foi accepte de se cantonner au domaine qui est le sien, ou bien elle refuse de se satisfaire de la place qui lui est réservée et succombe : on l'a déjà évoqué, le savoir est d'une matière plus dure que la foi Dans le troisième et dernier paragraphe, l'auteur insiste sur le caractère foncièrement différent des deux disciplines, foi et philosophie, et donc sur la nécessité on remarquera l'emploi du verbe devoir - de les séparer rigoureusement, c'est-à- dire absolument. [...]
[...] Cependant, si la foi s'immisce dans le domaine de ce que l'on peut savoir, superflue, elle ne peut que s'incliner. En effet, la foi, rappelle Kant, n'est suffisante que subjectivement, et non objectivement, alors que la science est à la fois suffisante objectivement et subjectivement, si bien qu'il serait totalement absurde de préférer la foi à la philosophie au chapitre de ce que l'on peut savoir : là où l'on sait, à moins d'être un fanatique, il n'y a plus lieu de croire. [...]
[...] Les fondements de la Philosophie écrit Spinoza au chapitre XIV du Traité théologico-politique, sont les notions communes et doivent être tirés de la Nature seule ; ceux de la Foi sont l'histoire et la philologie et doivent être tirés de l'Ecriture seule et de la révélation De plus, on l'a vu, leurs buts premiers ne sont pas identiques, la foi visant à l'obéissance, la philosophie à la vérité. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi il convient d'établir une séparation nette entre foi et philosophie. Confondre deux choses qui divergent par leur essence même ne peut qu'être nuisible à l'une comme à l'autre. Pour leur bien commun elles doivent rester séparées. L'auteur a déjà montré l'intérêt pour la foi de ne pas se confondre avec la philosophie, puisque dans le cas contraire elle se brise. [...]
[...] Dans les deux premières lignes, il commence par affirmer l'absence de toute parenté entre les deux disciplines ; puis il montre que la séparation qui s'impose ne présente aucun inconvénient pour la foi pourvu qu'elle ne cherche pas à s'immiscer dans un domaine qui n'est pas le sien et sur lequel elle n'a en conséquence aucun droit. Lorsque les deux mondes se croisent au gré de leurs chemins disjoints, c'est la foi qui doit toujours, logiquement, s'incliner. Le deuxième paragraphe est l'occasion pour l'auteur de relever une objection que pourraient lui adresser ceux qui prétendent que la foi peut supplanter la philosophie, objection rapidement rejetée. Enfin, dans le dernier paragraphe, Schopenhauer martèle la nécessité de séparer ces deux disciplines. [...]
[...] On pourrait ne pas voir l'inconvénient pour la philosophie d'être séparée de la foi, puisqu'on a vu que, de toute façon, c'est celle-ci qui se brise lorsqu'elles s'entrechoquent. Mais ce serait oublier que ceux qui veulent réduire la philosophie aux fonctions de servante de la théologie ne s'arrêtent pas à la contradiction que leur dresse la raison. Voila pourquoi il faut aussi défendre la philosophie des assauts de la foi lorsque celle-ci persiste à prétendre la dominer. Que l'une suive donc son chemin sans même faire attention à l'autre. [...]
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