Dès le début de l'article, le ton est donné : on observe en effet une volonté patente de la part des bourgeois (les auteurs vont même jusqu'à employer le terme, péjoratif, de « nantis ») de prendre leurs distances vis-à-vis du reste de la société, et ce afin de ne se retrouver qu'entre « individus de la même classe. » Il s'agit de s'éloigner le plus loin possible (« île dans l'île ») jusqu'à s'isoler complètement du reste du monde (« à l'abris des regards importuns »). Pour cela, la bourgeoisie investit des villages tels que Les Portes-en-Ré, situé « à la pointe extrême de l'île de Ré », attirée par le caractère calme et typique de ce « petit bourg », loin du brouhaha, de la pollution et du stress des grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille. Par ailleurs, en allant même jusqu'à acheter « les maisons du vieux village », on inscrit la communauté dans l'espace (« lieu de ralliement »), certes, mais aussi dans le temps : les bourgeois se réorganisent une véritable nouvelle vie éloignée de la « médiocrité extérieure » (« les touristes ordinaires »), marquée par des rites (« apéritif dominical »), des codes (les auteurs emploient l'expression d'« hexis corporelles » ; on peut aussi relever des codes vestimentaires : les habits sont sobres mais chics et de très bonne qualité) et des relations privilégiées que l'on entretient (« on se connaît », « plaisir extrême d'être ensemble ») ...
[...] Ernest-Antoine Seillière lorsque ces derniers prônent, pour le bien de tous, la défense de la liberté de chacun et, partant, l'individualisme le plus acharné, alors que l'on peut aisément observer une solidarité toujours plus forte entre les membres de cette même bourgeoisie ? Tout d'abord, il est opportun de souligner que la bourgeoisie ne s'approprie pas uniquement des lieux qui lui sont strictement réservés (comme on a pu le voir auparavant) : on peut en effet bel et bien observer son influence (qui peut aller jusqu'à l'ingérence) dans la gestion, l'administration des biens publics afin d'assurer son bien être (un exemple concret relevé par les auteurs est le périphérique couvert autour des quartiers riches de l'ouest de la capitale et à l'air libre dans de nombreux autres secteurs Cela se manifeste par ailleurs par l'utilisation des moyens de transport : fort utiles (cf. [...]
[...] Quelles sont les caractéristiques de ce groupe uni et restreint de riches individus qui permettent de conclure qu'ils constituent à eux seuls une classe sociale ? En outre, quelle stratégie cette classe met-elle en œuvre pour la défense de ses privilèges et la pérennité de son existence ? Dès le début de l'article, le ton est donné : on observe en effet une volonté patente de la part des bourgeois (les auteurs vont même jusqu'à employer le terme, péjoratif, de nantis de prendre leurs distances vis- à-vis du reste de la société, et ce afin de ne se retrouver qu'entre individus de la même classe. [...]
[...] Cette proximité spatiale qui permet d'entretenir les relations sociales favorise par-là même les mariages entre bourgeois. Les sociologues illustrent cette caractéristique essentielle de toute classe sociale par l'exemple du duc de Brissac qui a épousé May Schneider héritière du groupe homonyme A ce propos, on peut citer le sociologue Pierre Bourdieu dans le même ouvrage que précédemment : en effet, on se marie d'après lui entre bourgeois car on a plus de chance de se rencontrer (étant donné que l'on fréquente les mêmes lieux) et de partager les mêmes rites, les mêmes codes et des goûts semblables : il sera plus aisé de se rapprocher, de se comprendre et donc de s'entendre. [...]
[...] Mais cette solidarité ne se limite pas au cadre de la famille : la cooptation (d'après Le Petit Robert, nomination d'un membre nouveau, dans une assemblée, par les membres qui en font déjà partie) est un principe fondamental qui régit le fonctionnement de la bourgeoisie : il permet d'assurer le caractère fermé, clos de cette classe (il cimente par la reproduction des bourgeois (comme on parle de reproduction des élites) tout en alimentant la conscience par ses membres du caractère collectif de la classe à laquelle ils appartiennent on choisit son semblable Les rallyes constituent à ce propos une occasion idéale pour les futurs héritiers d'apprendre le fonctionnement particulier de la classe sociale dans laquelle ils évolueront pleinement dans quelques années : par la prise de contacts, l'établissement de liens et l'intériorisation des normes du groupe (les auteurs parlent de processus de socialisation des affinités se créent progressivement entre individus qui permettront par la suite d'assurer la cohésion de la bourgeoisie et la défense de ses intérêts en menant à bien des projets en commun futurs, voire en fondant des familles en son sein. A présent, qu'en est-il du double langage que manient certains représentants de la bourgeoisie tels que M. [...]
[...] Il est toujours plus aisé de s'opposer à des individus isolés qu'à des individus rassemblés en organisations crées afin de défendre leurs intérêts. D'où des entreprises qui, sous couvert de conjonctures économiques difficiles, ont tendance à multiplier de nos jours les délocalisations, au plus grand désarroi de leurs salariés souvent impuissants. Les auteurs soulignent toutefois que la mobilité peut certes être salutaire, voire même favorisée, lorsqu'elle émane de la volonté des individus (souhaitant changer de carrière ou même commencer une nouvelle vie ailleurs) ; elle l'est beaucoup moins lorsqu'elle est imposée et suppose des conséquences fâcheuses. [...]
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