Idéal de justice, idéal commun, Elias Canetti, George Kien, Kant, Pierre Charbonnier, Philippe Descola
La vie en commun repose sur l'idée que le monde dans lequel nous vivons nous est commun à tous. Le partage des ressources, la production de lois communes sont légitimes dans la mesure où nos vies s'appuient sur ce socle commun qu'est le monde. Or, vivons-nous tous dans le même monde ?
[...] Comment devons-nous construire notre idéal commun de justice ? Introduction La vie en commun repose sur l'idée que le monde dans lequel nous vivons nous est commun à tous. Le partage des ressources, la production de lois communes sont légitimes dans la mesure où nos vies s'appuient sur ce socle commun qu'est le monde. Or, vivons-nous tous dans le même monde ? Dans son roman Auto da-fé, Elias Canetti met en doute une telle affirmation. Sous la forme d'un roman chorale qui multiplie les points de vue et perceptives sur le monde, l'auteur montre que si ces personnages vivent dans le même univers, échangent les uns avec les autres, chacun se fait une idée bien différente de la réalité. [...]
[...] Ces conceptions peuvent entrer en concurrence. Dans son entretien avec Pierre Charbonnier restitué dans La composition des mondes, Philippe Descola distingue quatre grandes ontologies qui sont autant de manières de se rapporter au couple humain/ non-humain et qui permettent de spécifier la diversité de relation qu'a l'homme de s'entretenir avec la nature. Ces ontologies partagées permettent en particulier de dénoncer le privilège d'une vision occidentale de la nature, ce qu'il nomme le naturalisme, qui considère la nature comme un réservoir inerte de ressources. [...]
[...] Conclusion Vivre dans le même monde ne consiste pas seulement dans le fait de partager les ressources présentes sur la terre. Le monde n'est pas seulement la totalité des phénomènes. Il est avant tout l'envers de notre subjectivité. Or la vie, en tant qu'elle est le socle de nos interactions avec les autres est productrice d'un monde objectif, qui structure en retour notre subjectivité. L'idéal de justice doit ainsi relever le défi de reconstruire l'universalité à l'aune de la différence. [...]
[...] Nos expériences ne seraient-elles que la projection des structures de notre subjectivité ? Le sujet dont traite Kant n'est pas le moi privé et socialisé, il s'agit d'un sujet dit transcendantal, qui néglige les différences subjectives. On se place alors dans la relation du sujet avec ce qui n'est pas lui. Or n'est-ce pas conclure un peu vite de l'universalité du sujet transcendantal à un monde lui-même régulier et cohérent. En effet vivre dans le même monde véhicule l'idée d'un monde commun, c'est-à-dire d'un monde échu en partage à tous les êtres humains et non à une idée abstraite de l'humanité. [...]
[...] Constat de l'unité du monde Que signifie le fait de dire que nous vivons dans un seul et même monde ? C'est dire que le monde se définit en propre par sa régularité et sa cohérence. Si on considère que le monde consiste dans la totalité absolue de tous les phénomènes, alors on vit dans un seul et même monde. En effet, si le monde nous semble régulier, c'est que nous partageons avec le reste de l'humanité la même structure d'expérience possible. [...]
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