Définie comme la qualité d'une personne capable de pardonner une offense ou de faire preuve d'indulgence vis-à-vis d'un coupable (Dictionnaire Encarta), la clémence est une vertu, qui n'efface pas la faute. Il s'agit simplement, à la suite d'un forfait quelconque, d'amoindrir la peine que l'on estime devoir prononcer, voire de laisser impuni le délinquant.
Implicitement, se cache, derrière la notion de clémence, une sorte d'échelle de valeurs. Un individu a transgressé une règle ; en conséquence, il se doit d'être sanctionné. Dans quelle mesure une personne peut-elle faire œuvre de mansuétude, sans prendre le risque de désavouer son pouvoir ? À trop vouloir user de bonté, ne court-on pas le risque de monnayer la clémence, voire de désavouer l'autorité ?
[...] Pléthores de fondements pour un instrument susceptible de dérives Qu'elle émane du juge, ou des parents, à l'égard de leurs enfants, la clémence revêt une forme similaire. Elle réside toujours dans la diminution voire dans l'absence de punition. Cependant, les raisons qui poussent à user de mansuétude peuvent différer ( A Mais, à trop vouloir faire preuve de bonté, ne risque-t-on pas d'aboutir aux limites de la clémence ( B A. L'exigence d'humanité Différentes raisons peuvent expliquer l'acte de clémence. L'exemple le plus intéressant pour les illustrer réside dans les prétoires. Pourquoi un juge fait-il œuvre de clémence ? [...]
[...] Leur propre carence justifie à elle seule, leur clémence. Un policier peut ne pas rédiger de procès-verbal, à la suite d'un stationnement interdit, car le conducteur s'est arrêté pour téléphoner. Ce faisant, il évite de créer une situation plus dangereuse, cette seule circonstance expliquant la magnanimité de l'agent de police. Un juge peut préférer prononcer une peine d'emprisonnement avec sursis, plutôt qu'une peine d'emprisonnement ferme, afin d'éviter au délinquant une désociabilisation, qui lui serait plus préjudiciable. Dans quelle mesure une personne peut-elle faire œuvre de mansuétude, sans prendre le risque de désavouer son pouvoir ? [...]
[...] Un attribut universel en faveur des coupables Déjà sous l'empire du Code d'Hammourabi, la clémence était notamment présente, sous la forme du pardon du mari, suite à l'adultère de sa femme. En principe, la peine capitale était prévue à l'encontre des deux amants surpris en flagrant délit. Cependant, le mari peut pardonner à sa femme, ce qui engendre la grâce de l'amant. Deux postulats peuvent être extraits de cette clémence. En premier lieu, l'on notera que la clémence, qu'elle prenne la forme du pardon ou d'une grâce, est présente à une époque très ancienne. [...]
[...] Ainsi, toute personne est susceptible, à un moment de sa vie, de faire œuvre de clémence, celle-ci n'étant nullement réservée au juge, ou au Président de la République, à son entrée en fonction, ou le 14 juillet. Cependant, l'auteur de la clémence doit, afin d'en faire usage, se trouver en position de supériorité hiérarchique. Ainsi, en va-t-il du roi qui disposait du droit de grâce, ou encore, des parents vis-à-vis de leurs enfants. A contrario, il se déduit de ce postulat que le bénéficiaire de la clémence se situe dans une position moins avantageuse que son bienfaiteur. D'ailleurs, le dictionnaire Larousse définit la clémence comme le fait de ne pas punir ceux qui sont coupables. [...]
[...] Dans le même esprit, il peut être vu une mesure de démagogie dans le droit de grâce du président. En effet, cette grâce est octroyée à des individus ayant fait l'objet d'une condamnation antérieure, et pour laquelle les voies de recours sont épuisées. En d'autres termes, la culpabilité de l'intéressé ne fait aucun doute. Dès lors, l'on ne peut comprendre les raisons de ce pardon présidentiel, si ce n'est une volonté de s'attirer les faveurs du peuple, soit de la démagogie. [...]
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