Le 28 juillet 1885 à la chambre des députés, Jules Ferry justifie sa politique nationale avec le discours suivant : '' Il y a pour les races supérieures un droit, car il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures''.
Ferry se présente ici comme civilisé et appartenant à ce qu'il appelle : une race supérieure. Le substantif civilisé peut donc qualifier des individus ou des peuples qui ont accédé à un certain niveau de civilisation jugé supérieur. Ce terme a donc un caractère nettement appréciatif et il indique un jugement de valeur utilisé pour souligner une supériorité dans les sciences, les techniques, les mœurs ou encore l'organisation sociale. Face au raffinement et aux manières policées du civilisé s'oppose le barbare. Barbare vient du latin barbarus et permettait aux Grecs de distinguer tous ceux n'appartenant pas à la civilisation grecque. Aujourd'hui, ce terme désigne un individu ou un groupe social considéré comme rustre, non éduqué voir cruel et violent.
[...] Dans quelle mesure le civilisé peut-il se juger supérieur au barbare? Le civilisé n'évolue-t-il pas dans un univers d'apparence et de paraître? Enfin, est-il valable de distinguer des hommes civilisés parmi les autres? Comme l'indique l'étymologie du terme, le civilisé (qui vient du latin civis le citoyen) est civilisé car il vit en société, dans un groupe d'individus. Le fait d'être civilisé est un acquis social permis par l'influence du groupe. Le civilisé répond en effet à des phénomènes sociaux que l'on retrouve dans un grand nombre de sociétés et que Marcel Mauss désigne comme : ‘processus de civilisation' dans ses Essais de sociologie. [...]
[...] Pourtant il ne faut pas confondre le philistin avec le civilisé. Le civilisé s'élève au-dessus du barbare mais s'il est cultivé et moralisé.Enfin, la hiérarchie qui peut s'établir entre les degrés de civilisation ne peut en rien être un critère de supériorité entre les hommes car il n'existe pas de supériorité culturelle entre les hommes. Le civilisé n'est donc pas un modèle d'homme unique à atteindre mais le résultat d'échanges et de relations interculturelles. Bibliographie indicative Qu'est-ce qu'un civilisé ? [...]
[...] Pour autant, était-il justifié de civiliser ces pays? En effet, comme le montre Lévi-Strauss, le sauvage n'est pas le barbare, il vit dans un état non civilisé ou pré civilisé mais pas pré cultivé. Il n'a pas encore d'économie de libre échange mais possède une culture très riche qui lui permet de ne pas vivre dans un état de ruine. Ils réalisent de manière instinctive le contrat social sans devoir le théoriser. Ce sont des sociétés sans loi Roi ou État mais avec des mœurs si solides qu'elles n'en ont pas besoin.On peut alors remettre en cause la dénomination même de civilisé. [...]
[...] Il distingue alors les concepts de civilisé et de moralisé. Par ailleurs , il faut signaler que civilisé ne va pas non plus de pair avec cultivé, le fait d'avoir beaucoup appris et de savoir beaucoup ne permet pas à l'homme de se dire civilisé. Or, la grandeur d'une civilisation doit aussi se mesurer à l'importance et à la qualité de sa culture. La grandeur de la civilisation égyptienne se démarque par la qualité de ses réalisations telle que les pyramides. [...]
[...] Ces phénomènes de civilisation s'intègrent par la confrontation avec d'autres individus. Cette confrontation entraîne une maîtrise de soi : les pulsions et les instincts sont rejetés et mieux appréhendés. La pression sociale extérieure et l'éducation sont deux moyens de lutter contre ces instincts primaires. Mais ces pulsions sont surtout brisées par des contraintes intériorisées, la contrainte de la norme génère des sensations comme la honte, la gène ou les tabous. Être civilisé c'est donc avoir accepté des conventions tacites qui permettent un développement des rapports sociaux. [...]
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