La question de la citoyenneté n'articule pas seulement les notions de République et de communautés mais touche, au-delà, à l'essence du lien politique.
[...] De façon encore plus claire, des chercheurs comme Élizabeth Meehan estiment qu'une nouvelle conception de la citoyenneté, fondée sur les droits de la personne et non plus sur le lien avec une collectivité nationale, est en train d'émerger. Cette logique serait induite par le nouvel équilibre entre les droits politiques, dont l'importance aux yeux des citoyens ne cesse de reculer (ce que semble confirmer l'évolution des comportements électoraux) et les droits économiques et sociaux auxquels le développement de l'État providence a conféré une importance cruciale pour l'existence quotidienne des individus. [...]
[...] De fait, les grandes figures de la citoyenneté : ont été relativement peu nombreuses : la Grèce classique et la République puis, par extension, l'Empire romain dans l'Antiquité, quelques républiques urbaines médiévales, les républiques helvétique et française ; sont restées très hétérogènes dans leur nature et leur fonctionnement : républiques aristocratiques, cités administrées par leurs notables, régimes dominés par le principe de la souveraineté populaire ou par celui, concurrent, de la souveraineté nationale ; ont toutefois donné naissance à un modèle civique unique, une synthèse de ces expériences démocratiques, toujours partielles1, produite par le recul du temps. Pour être abstraite, la catégorie du citoyen recouvrait un ensemble très précisément défini. [...]
[...] L'éloge de la proximité va au-delà d'une simple logique de prise en charge des intérêts des électeurs, donc de la valorisation de la capacité d'écoute de l'élu. Il concerne également le mode d'exercice du pouvoir. Dans les démocraties médiatisées, la distance avec le pouvoir devient insupportable. Le pouvoir doit être au cœur de la société et se confondre avec elle. Le représentant doit dans ses déterminations (son sexe, son origine ethnique, sociale ou religieuse) comme dans sa personnalité (ses goûts, ses pratiques) refléter aussi fidèlement que possible l'électeur médian de sa circonscription. Les critères d'évaluation clefs de l'élu deviennent la proximité et la capacité d'empathie. [...]
[...] Avec l'abbé Grégoire, il crée en 1792 le Conservatoire national des arts et métier. En février 1793, il présente un projet de constitution fondé sur le suffrage universel (la Constitution girondine Inquiété dès juillet 1793, il écrit en cachette son Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (publié en 1795) qui dresse un plan très ambitieux d'instruction publique, notamment en direction des filles, préfiguré dans ses cinq mémoires sur l'instruction publique (1791-1792). Sa contribution scientifique à l'Encyclopédie est immense (20 articles au seul titre de l'analyse mathématique, rédigés entre 1776 et 1777 puis entre 1784 et 1789). [...]
[...] En réduisant la politique à l'organisation matérielle de la vie en commun et à son optimisation, la démocratie providentielle occulte deux de ses dimensions fondatrices : la dimension transcendante du projet de civilisation (jusqu'à présent incarné dans la nation) et la dimension schmittienne du sacrifice du privé au collectif. C'est donc finalement du tragique de la politique qu'entend s'émanciper, sans aucun espoir de réussite, la démocratie providentielle. Au total, l'oblitération de la figure du citoyen tend à dépolitiser nos sociétés. [...]
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