'Si tout était à recommencer, je commencerais par la culture', disait Jean Monnet à propos de l'Europe. La faible participation aux élections européennes dans les Etats membres montre bien l'échec de la citoyenneté européenne. En effet, s'il a réussi à instaurer une coopération économique entre les pays d'Europe, à mettre en marche des rapprochements politiques, l'Europe telle qu'il la concevait trouve ses limites dans la diversité culturelle. Les citoyens d'Europe ne se sentent pas citoyens européens. La citoyenneté ne peut-t-elle effectivement s'exercer que dans le cadre d'une Nation? Car la culture participe de la Nation et fait défaut à l'Europe politique
[...] On peut déjà souligner que l'appartenance à au moins l'un des Etats-Nations membres est nécessaire, mais ceci ne représente encore qu'une très faible entorse au type évoqué. Un mécanisme de désimplification de la citoyenneté s'est effectivement mis en marche. La question du droit de vote des immigrés aux élections locales est aussi érigée en symbole d'une citoyenneté active. La " nouvelle citoyenneté " ne doit alors se fonder que sur les critères de résidence et de participation. Mais de quoi est donc faite cette participation ? [...]
[...] Pourtant ce n'est pas encore sortir la citoyenneté de la Nation mais juste relativiser l'apport de cette dernière en le mettant à nu. Etienne Tassin tente quant à lui d'aboutir à une dissociation plus définitive. L'erreur du postnational réside selon lui dans la reconduction de la question de l'identité d'un registre à un autre de l'existence, du plan individuel au plan communautaire, du plan culturel, social ou national au plan politique. Le juridique n'a effectivement aucune chance face à l'ethnique. [...]
[...] La diaspora croate participe aux élections même lorsqu'ils ont nationaux d'un pays étranger. A la fois les philosophes et les juristes sont donc tentés de concevoir une forme d'organisation politique où l'ethnie et la citoyenneté, l'appartenance culturelle et l'organisation politique cesseraient de coïncider. II) Depuis le début de l'âge des nationalismes, au sens des revendications des ethnies à créer une nation indépendante, on s'est efforcé de penser une organisation dans laquelle les individus continueraient à appartenir à une collectivité historique et culturelle tout en participant à une entité politique à visée universelle qui dépasserait ces cultures ou ces nations. [...]
[...] La citoyenneté s'inscrit nécessairement et par un double biais dans la Nation. Pourtant, aujourd'hui, l'ordre politique fondé sur la souveraineté des nations-unités politiques est remis en question. L'implosion du système communiste a décomposé des nations (U.R.S.S, Yougoslavie), ce qui provoque des guerres car les ethnies trouvent légitime de se composer en Nation. Or, on constate qu'il est impossible d'organiser un ordre mondial en reconnaissant comme nations toutes les ethnies susceptibles d'être reconnues comme entités politiques indépendantes, et dont le nombre risque d'augmenter indéfiniment dans la mesure où c'est le nationalisme, que Gellner définit comme " un principe de congruence entre unité politique et unité culturelle, qui crée les nations. [...]
[...] Mais comment réunir les deux citoyennetés, motiver les citoyens ? La distinction entre citoyenneté et Nation a valeur normative. Elle ne peut aussi exister que dans un cadre postnational mondial. L'Europe a-t-elle les moyens de tendre seule vers l'idéal-type ? Prut-elle fonder une citoyenneté active sur un modèle imposé, à travers l'action ? Conclusion La nationalité et la citoyenneté ont des liens historiques très étroits. Leur rapprochement a été à la base de l'Etat-Nation. Mais les revendications nationalistes font peur. [...]
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