Que faire de nos jours sans argent ? L'argent est devenu omniprésent dans nos sociétés actuelles. L'argent est pour l'homme un gage de sécurité dans la vie quotidienne. Manquer d'argent équivaut à mourir de froid et de faim. Très peu d'actions se conçoivent sans argent. L'argent envahit les préoccupations de l'être humain. Les métiers ayant des salaires élevés sont souvent les plus prisés, montrant bien qu'un des buts premiers de la vie est le gain d'argent et non la recherche d'une forme de bonheur et de sagesse. C'est dans ce contexte qu'Henri Michaux, écrivain, poète et peintre d'origine belge du XXè siècle énoncera "Argent ! Argent ! je parlerai un jour de toi. N'est pas poète dans ce siècle qui ne dira son fait à l'argent" (...)
[...] Ainsi n'est pas poète dans ce siècle qui ne dira son fait aux hommes et à la façon dont ils l'emploient. Considérons tout d'abord la fonction impressive et critique d'un poète : celui-ci, à travers son œuvre, engage des idées qu'il cherche à transmettre en touchant le lecteur, en le faisant réagir et attend de sa part une certaine réflexion. Ce dernier, à la lecture du poème, de l'oeuvre, doit se poser des questions, remettre en cause ses opinions. Tout poète de notre siècle se doit donc d'exercer une critique vis-à-vis de l'argent. [...]
[...] Et plus on est nombreux, plus un monde sans moyen absolu est difficile à concevoir. Ainsi, à partir de l'instauration de l'argent comme étalon des valeurs, il devient nécessaire dans la vie quotidienne pour pouvoir mener une vie décente : satisfaire ses besoins vitaux tels que se protéger, manger , jouir de simples plaisirs . Il n'y a qu'à voir Cléante dans l'Avare qui est obligé de jouer pour pouvoir s'acheter des habits. Dans nos sociétés contemporaines où l'on est entre autres face à une extrême division du travail, il n'est donc plus possible d'imaginer une vie sans échanges et donc sans argent. [...]
[...] Les poètes se doivent donc de critiquer l'argent. Lorsqu'ils en arrivent à l'extrémité de vouloir supprimer l'argent, on se rend compte alors de la nécessité de l'argent. En effet, si l'on appréhende la phrase de Michaux N'est pas poète qui dans ce siècle ne dira son fait à l'argent en prenant le poète sous l'angle d'une personne rêvant de projets impossibles à mettre en œuvre, alors on peut l'interpréter de la manière suivante : une personne critiquant l'argent est utopiste, car ce dernier est indispensable à toute société. [...]
[...] L'homme semble ainsi oublier qu'il n'est pas qu'un simple consommateur, mais qu'il est également un être doué de raison et de sentiments. Tout poète de notre temps se devrait donc de critiquer l'argent et son action dévastatrice sur l'âme humaine et grâce à ses œuvres littéraires et poétiques ouvrir les yeux aux hommes face à ce mal de l'argent, de la même façon que Molière essaye de corriger les mœurs des hommes en les faisant rire avec ses comédies. La critique fervente de l'argent peut aller jusqu'à une remise en question de son existence. [...]
[...] L'argent qui ne devrait être qu'un simple moyen devient une fin en soi, et conduit à des dégénérescences pathologiques : avarice, prodigalité, cynisme Ces comportements humains sont décrits et analysés par Simmel dans le chapitre 3 section 2 de la Philosophie de l'argent. Prenons comme exemple l'avarice, illustrée par l'Avare de Molière. L'avare a un rapport singulier aux séries téléologiques. Il l'arrête avant son terme. En effet, son but ultime est la possession d'argent, alors que normalement, ce dernier ne devrait être qu'un moyen qui permet d'arriver à un but, et notamment l'utilisation et la jouissance d'un objet que l'on a cherché à acquérir. L'outil argent est donc détourné de ses fins. [...]
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