Constater que le droit varie d'un État à l'autre peut mener à un certain relativisme, mais aussi, pour échapper à ce dernier, à chercher si n'existerait pas, en amont des droits "positifs" instaurés par les différents pouvoirs, un fondement plus universel du droit et de la justice. C'est ce qu'entreprend ici Cicéron, en montrant d'abord que le droit positif peut être injuste, mais aussi que l'utilité ne peut suffire à fonder la justice, puisqu'elle peut varier selon les individus ou les groupes (...)
[...] En montrant les limites des lois institutionnelles, il invite à une réflexion sur la légitimité elle-même, qui peut justifier des phénomènes comme la désobéissance civile. Sans doute cette expression ne se trouve-t-elle pas dans son texte, mais on peut supposer que l'exemple d'Antigone est présent dans son esprit, et que le conflit qu'il illustre a toujours valeur de modèle lorsqu'on entend opposer les lois de la société à celles qui sont antérieures à toute organisation sociale et se réfèrent aussi bien à une justice qu'à une humanité plus essentielles. [...]
[...] III - Légalité et légitimité A. La légalité ne suffit pas Puisque les lois telles qu'elles existent peuvent être injustes, comme le montre l'exemple des tyrans, le respect de la légalité est évidemment insuffisant pour garantir la justice : il ne suffit pas d'obéir aux lois telles qu'elles sont établies pour respecter l'équité. La rotation des différentes formes d'utilité concevables le prouve amplement, qui ne fonde que des lois momentanées, destinées à se substituer les unes aux autres, parce que l'utilité qu'elles prétendent défendre est par définition variable selon des individus, les groupes ou les "classes". [...]
[...] C'est donc l'aspect rationnel de la nature qu'il convient de retenir. C. La loi implicite Cette raison détermine les conditions de la société de manière assez fondamentale pour que sa loi n'ait pas besoin d'être toujours écrite. Elle peut demeurer implicite ; elle n'en agit pas moins, et son efficacité est telle qu'elle suffit pour séparer le juste de l'injuste, puisque celui qui l'ignore (donc celui qui n'est pas attentif à la raison) se trouve automatiquement du côté de l'injustice. [...]
[...] C'est ce qu'entreprend ici Cicéron, en montrant d'abord que le droit positif peut être injuste, mais aussi que l'utilité ne peut suffire à fonder la justice, puisqu'elle peut varier selon les individus ou les groupes. En affirmant alors que le droit doit reposer sur "la nature", il prend soin de préciser que celle-ci se manifeste dans une loi fondamentale de la raison. I - Critique du droit institutionnel A. Le droit comme institution Faut-il admettre que les lois juridiques, sous prétexte qu'elles sont formulées par les institutions ou les peuples, sont nécessairement justes ? [...]
[...] Cicéron, Des lois : la justice et le droit Commentaire philosophique d'un extrait de l'ouvrage Des lois de Cicéron dans lequel l'auteur fait une lecture critique du positivisme juridique. Le texte du commentaire qu'il y a de plus insensé, c'est de croire que tout ce qui est réglé par les institutions ou les lois des peuples est juste. Quoi ! Même les lois des tyrans ? Si les Trente(1) avaient voulu imposer aux Athéniens des lois, et si tous les Athéniens avaient aimé ces lois dictées par des tyrans, devrait-on les tenir pour justes ? [...]
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