Jeté dans un monde sauvage, hostile et qui à la fois le fascinait et l'émerveillait, l'homme, dans un premier temps a cherché à expliquer les mystères de la nature, à s'approprier les forces inconnues par les mythes et les rites. En ce sens, nous comprenons bien que selon Comte la première étape de la pensée humaine soit liée à la croyance. Quelles que soient les formes de celles-ci, toutes les civilisations ont cru aux miracles et continuent de le faire. Miracle de la mer rouge s'ouvrant sur le passage des Hébreux conduits par Moïse, multiplication des pains et des poissons, guérisons du thaumaturge Jésus, envolée céleste de Mahomet sur Al Buracq : autant de signes célestes envoyés par le démiurge pour se manifester aux hommes et montrer son omnipotence.
[...] Quant aux Grecs, et notamment Aristote, le miracle de la pluie (pour laquelle des tribus dansent encore pour l'appeler) n'en est plus puisqu'elle est le fruit d'une chaîne de causalité maintenant connue sinon maîtrisée. Les dieux grecs sont peu à peu morts devant l'avancée stupéfiante de ce qu'Ernest Renan a appelé lui, dans un autre sens, le miracle grec La guerre n'est pas plus le fait de la déesse discorde que la déesse Athéna n'est celle de la victoire. Il ne faut plus placer un malade dans un temple et attendre la bienveillance d'Hermès. Il faut diagnostiquer la maladie et trouver le remède adéquat. [...]
[...] Grâce à la médecine, les hommes vivent mieux et plus longtemps : ceci est le véritable miracle de la science. Aussi donner une explication plausible aux 10 plaies d'Egypte par le biais de ce volcan de l'île du Santorin et l'enchaînement des causes et des effets (ténèbres par les cendres, oxydation des roches de la mer Rouge, pullulement des têtards, grenouilles et moustiques (qu'on songe à celle île de La Réunion frappée par ce fléau non divin mais parfaitement connu du moustique responsable que les autorités cherchent à éradiquer, ou encore songeons aux sauterelles, autre fléau d'une Afrique qui n'en peut plus de les voir s'abattre chaque année sur les récoltes. [...]
[...] Pourtant l'explication rationnelle de ce qui était jusqu'alors surnaturel en ramenant ce dernier aux phénomènes naturels, peut-elle éradiquer la foi ? Celle-ci n'est-elle pas plus puissante que tout effort d'explication rationnelle? Car tel est bien le paradoxe de la science qui loin de désenchanter le monde selon les propos (désenchantés de Max Weber, bien au contraire, l'enchante en nous montrant les beautés cachées des phénomènes naturels, la beauté aussi d'une équation, d'un théorème, de la rencontre de l'ovule et du spermatozoïde. [...]
[...] Est-ce à dire que l'humanité est mûre pour se passer de Dieu et que celui-ci est mort selon les célèbres mots de Nietzsche ? Pourquoi alors la science dans ses développements les plus modernes n'a-t-elle pas mis fin à la foi ? Cela voudrait-il dire qu'explication des miracles ou non, la foi est plus forte ? Toujours incapable de trouver un sens à sa place dans le monde, un sens à sa vie cherchant un point d'ancrage l'homme ne peut-il le trouver qu'en un dieu ? [...]
[...] Les miracles, un signe manifeste de l'omnipotence divine A la question de l'opposition entre miracles et science, la doxa à plus de 80% croyante répondrait bien sûr que la science ne peut détrôner la foi. L'homme croit car c'est un besoin, une nécessité pour donner des repères et sens à sa fin, donner aussi des liens (comme l'indique l'étymologie religare). La foi (fides qui donne confiance) est un élan irrationnel vers une divinité (transcendante dans les religions monothéistes ou immanente dans les religions animistes) et en tant que telle ne peut donc être inquiétée par la rationalité. [...]
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