Pourquoi cherche-t-on à connaître ? - publié le 20/02/2002

Résumé du document

Qu'est-ce donc que la connaissance ? On a tendance à la considérer comme un savoir systématique, naturellement présent chez l'Homme. Dans ce cas, il semblerait que nous voulions toujours savoir. N'y aurait-il alors pas de bornes à notre désir de connaître ? Cependant, notre recherche de la connaissance ne semble pas se limiter à cette motivation naturelle. Pourquoi cherche-t-on en effet à connaître ? Ou plutôt, pourquoi et pour quoi cherche-t-on à connaître ? Quels sont les mécanismes qui motivent notre volonté de savoir, de percevoir, et quelles en sont les visées ?

Extraits

[...] Chercher à connaître, c'est donc finalement chercher à se connaître. Cette recherche marque en outre le choix de l'action sur l'inactivité, action qui nous permet de construire peu à peu notre vie. Mais nous sommes sans cesse ramenés à notre mortalité, à l'image de Faust chez Goethe : C'est en vain que j'ai accumulé en moi tous les trésors de l'esprit humain : quand à la fin, je viens à m'asseoir, aucune force nouvelle ne jaillit de mon être intime; je ne suis pas d'un cheveu plus haut, je ne suis pas plus proche de l'Infini. [...]

[...] ²Pourquoi cherche-t-on à connaître Mais voulons-nous seulement toujours connaître ? Ne préférons-nous plutôt pas, dans certains cas, ne pas savoir ? Il y a en effet des choses que nous ne voulons pas découvrir, par peur des effets qu'elles pourraient entraîner. Dans Au-delà du principe de plaisir, Freud donne l'exemple des personnes non familiarisées avec la psychanalyse : elles éprouvent une certaine angoisse, redoutant d'éveiller quelque chose qu'elles préféreraient laisser dormir. Connaître serait pour elles faire survenir ces compulsions inquiétantes. [...]

[...] Pourquoi cherche-t-on à connaître? Introduction De Platon à Kant, en passant par Descartes et Locke, nombre de philosophes ont examiné la connaissance, divergeant dans leurs théories sur son origine, ses limites, ou encore la méthode qui y conduit. Qu'est-ce donc que la connaissance ? On a tendance à la considérer comme un savoir systématique, naturellement présent chez l'Homme. Dans ce cas, il semblerait que nous voulions toujours savoir. N'y aurait-il alors pas de bornes à notre désir de connaître . [...]

[...] Victor Hugo disait : Dans connaître, il y a naître. A l'inverse, on peut penser que toute naissance est accompagnée de l'aspiration à connaître, c'est-à-dire à savoir et à percevoir. Nous voulons donc connaître pour connaître; nous ne nous préoccupons pas de son utilité pratique, matérielle. C'est un projet strictement désintéressé qui nous caractérise alors. Au-delà de cet aspect quelque peu systématique, la recherche du savoir répondant à notre curiosité, le désir de connaissance semble manifester une réalité plus profonde. [...]

[...] Pour ce faire, il faut convertir notre âme. Dans ²L'allégorie de la caverne², livre VII de La République, Platon décrit effectivement la recherche de la connaissance comme une conversion progressive de l'âme. Il prend soin d'ajouter que cette connaissance doit être au service de la communauté : celui qui la détient doit délivr[er] de leurs chaînes et [guérir les autres] de leur ignorance Tel est ici le but classique du philosophe. Sur le même plan collectif, mais dans une pensée plus moderne, chercher à connaître serait se donner les moyens de s'ouvrir aux autres. [...]