Ce texte, signé par l'un des théoriciens les plus connus de la doctrine classique, s'attache à définir le principe fondamental de cette doctrine : l'imitation de la nature. En effet, selon cette doctrine, les "beaux-arts" sont "beaux" d'abord parce qu'ils se distinguent des "arts" proprement dits. Et la distinction porte précisément sur leur rapport à la nature : alors que les "arts" (c'est-à-dire les techniques) ont pour objet d'utiliser la nature, de la compléter, les "beaux-arts" imitent la nature - autrement dit, cette imitation les situe d'emblée dans le cadre gratuit et autonome qui les excepte du régime d'utilité auquel sont vouées les techniques. Cette remarque préliminaire permet de situer l'intérêt du principe de l'imitation et d'aborder la thèse du texte sans la réduire : l'imitation est un rapport à la nature qui situe l'activité artistique et l'expérience esthétique dans un moment "libéral" (...)
[...] 1 Philosophie de l'art Etude du texte suivant : Aristote compare la poésie avec l'histoire : leur différence, selon lui, n'est point dans la forme ni dans le style, mais dans le fonds des choses. Mais comment y est-elle ? L'histoire peint ce qui a été fait. La poésie, ce qui a pu être fait. L'une est liée au vrai, elle ne crée ni actions, ni acteurs. L'autre n'est tenue qu'au vraisemblable : elle invente, elle imagine à son gré, elle peint de tête. [...]
[...] Le poète remonte à un état des choses plus fondamental et lui donne un éclat plus véritable. De la sorte on peut avancer par exemple que le vers atteint la vérité de la prose, et le théâtre la vérité de la vie De même que le vers désavoue l'ordinaire de la prose tout en la portant à son moment d'intensité maximale, on pourrait dire que la belle nature fait voler la nature ordinaire en éclats et reconstitue une nature fondamentale plus vraie et plus haute en couleur. [...]
[...] Ce paradoxe n'est pas seulement constitutif de l'opération esthétique : il traverse également celle de la connaissance, lorsque celle-ci est conçue comme construction supposant un appareillage et non comme simple dévoilement. En paraphrasant Spinoza, on peut dire que les idées ne sont pas comme des choses muettes sur un tableau, et réciproquement qu'un tableau lui-même ne présente pas des choses inertes déjà existantes qu'il n'est pas sage comme une image mais qu'il hisse le regard au moment dynamique et problématique de la vérité. [...]
[...] Il ne serait pas impertinent de proposer une réflexion de la fameuse distanciation (Verfremdung) en la rapprochant de cette vraisemblance classique qui éloigne les personnages du théâtre : on y reconnaît d'autant mieux l'humanité qu'ils ne nous ressemblent pas. La ressemblance directe, motif d'une identification sans réflexion, n'est pas l'objet de l'art. En poussant cette thèse jusqu'à son point extrême, on pourrait aller jusqu'à dire que précisément l'art s'attache à imiter ce qui ne ressemble à rien. Est-ce si éloigné de ce que dit Batteux ? [...]
[...] Ce n'est pas le vrai qui est, mais le vrai qui peut être, le beau vrai, qui est représenté comme s'il existait réellement et avec toutes les perfections qu'il peut recevoir. Cela n'empêche point que le vrai et le réel ne puissent être la matière des arts. [ ] Si un fait historique se trouvait tellement taillé qu'il pût servir de plan à un poème, ou à un tableau, la peinture alors et la poésie l'emploieraient comme tel, et useraient de leurs droits un autre côté, en inventant des circonstances, des contrastes, des situations, etc. [...]
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