Calliclès, dans le Gorgias de Platon, admet que pour lui, l'existence de l'homme,ayant un tonneau percé et étant contraint de le remplir à longueur de temps, est plus heureuse que l'existence de l'homme, ayant fait le plein de denrées dans ses tonneaux, qu'il décrit comme fade : « il vit comme une pierre ». Ainsi, l'existence de l'homme poursuivant sans fin ses désirs serait plus « humaine » que celle de l'homme qui les raisonne. Descartes se place dans une logique toute autre dans le discours de la méthode, puisque la troisième maxime de sa morale par provision invite toujours à « tacher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde », et invite ici à raisonner ses désirs et à les adapter à l'ordre du monde, pour pouvoir se conduire avec contentement selon la satisfaction de ses désirs.
[...] En effet, si il existe bien un ordre du monde auquel l'homme est soumis par l'intermédiaire du corps, selon Spinoza le Corps ne peut déterminer l'Âme à penser (Ethique, III) ; les désirs sont donc bien indépendants de l'ordre du monde puisqu'il n'y a pas d'harmonie entre ce que nous désirons et le réel : l'ordre du monde ne nous suggère donc pas ce que nous devons désirer, et inversement ce que nous désirons ne dépend pas de l'ordre nécessaire du monde. Nous ne pouvons donc pas soustraire nos désirs à l'ordre du monde. Bien plus, nous ne devons pas le faire puisque notre existence dépend du fait que l'essence de l'Âme s'efforce de persévérer dans son être (Ethique, III) pour une durée indéfinie, ce qui rentre en contradiction avec le fait que le contentement vienne de la satisfaction d'un désir. Ici, le contentement à l'œuvre dans l'existence de l'homme provient de sa capacité à persévérer dans son être. [...]
[...] Si il eut été plus sage pour lui de changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde, il a aussi permis un éclatement de l'ordre catholique du monde opposé à l'héliocentrisme et ainsi permis de faire avancer l'homme dans le progrès scientifique : il est à l'origine d'usages quotidiens de l'homme du XXe siècle, comme le téléphone mobile, grâce à ses lois sur la pesanteur. On voit donc que la volonté de Descartes de changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde ne fut qu'une morale par provision, puisqu'il est nécessaire pour l'homme de poursuivre son désir de connaissance pour le faire avancer dans la science, jusqu'à bouleverser l'ordre de connaissance établi. [...]
[...] Or, cet ordre-ci n'est pas fondé sur les relations physiques qui régissent notre monde, mais sur des relations humaines de toutes sortes. Quand cet ordre est autorité, il est alors compliqué de se conduire de manière libre, puisque notre pensée, et nos désirs sont contraints par cet ordre. Mais comme nos désirs ne peuvent pas être réduits à un ordre quelconque que celui d'où nos pensées s'arrêtent, l'ordre établi peut-être remis en cause, et amener l'homme à se conduire selon ses désirs, et à penser un autre ordre que celui établi. [...]
[...] Il faut s'attacher à ne désirer que ce dont l'ordre du monde immuable nous permet de disposer selon Descartes : c'est une conduite raisonnable qui va amener l'homme à ne désirer que les objets qu'il lui est possible d'atteindre, et ainsi mener au contentement. Admettre cette morale par provision suffit au contentement puisque considérer des choses qui nous sont extérieures, c'est à dire extérieures aux bornes que la nature nous a prescrites, c'est désirer un objet qu'il ne nous sera jamais possible d'atteindre, et sa poursuite est aux antipodes d'une conduite raisonnable. [...]
[...] Descartes se place dans une logique toute autre dans le discours de la méthode, puisque la troisième maxime de sa morale par provision invite toujours à tacher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde et invite ici à raisonner ses désirs et à les adapter à l'ordre du monde, pour pouvoir se conduire avec contentement selon la satisfaction de ses désirs. Le désir est une tension, une aspiration vers un objet dont la satisfaction aboutirait au contentement. Le désir est aussi conscience de cette aspiration. Si le désir est dépendant de la satisfaction de ce désir, il est alors primordial de considérer les bornes que l'ordre du monde nous fixe pour pouvoir, selon Descartes, y adapter ses désirs. [...]
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