Si le Français, comme le Latin, ne connaît que le seul mot "vie", le Grec ancien distingue la vie en tant que principe qui anime les formes vivantes, "zoé", et la vie en tant qu'elle est vécue, menée par un individu, "bios". Prenant en compte la distinction entre les différents sens du mot vie, nous tenterons de découvrir la profondeur du lien qui unit le changement à la vie. Le changement est-il nécessaire à la vie ? Ou bien est-il contingent ?
[...] Toutefois, si Gregor n'arrive plus à se faire comprendre des autres, lui pense encore comme avant, aime toujours écouter sa sœur faire du violon. Lui en tant qu'individu n'a pas changé. Seule son apparence l'est en effet. Mais quand sa famille le découvre tel qu'il est devenu, celle-ci s'effraie d'abord de sa nouvelle apparence, puis craint pour sa réputation. Aux yeux des autres, Igor n'est plus le même, il n'est plus qu'un insecte qui sans doute ne pense plus. Ici se rejoignent bios et zoé. [...]
[...] Ainsi, le changement serait essentiel à la vie en tant qu'il permet à chaque individu de constituer sa propre substance. Or, on peut tout aussi bien considérer l'homme comme soumis à un état de nature, état certes susceptible de changement par la suite. Il en est ainsi de Rousseau qui considère que l'homme est naturellement bon, et que sa substance se corrompt ensuite sous l'action des sociétés humaines. L'idéal, selon une telle vision de l'existence, serait encore de rester fidèle autant que faire se peut à son état d'origine, de ne subir le moins de changement possible. [...]
[...] Le changement est-il nécessaire à la vie ? Ou bien est-il contingent ? I Le vivant n'est pas essentiellement soumis au changement Afin de bien rester dans les limites du sujet, il est bon de noter tout d'abord qu'il ne s'agira nullement de se demander si le changement est compatible avec la vie, et cela semble aller de soi, mais bien de savoir si le changement est ou non indissociable à la vie. Nous l'avons vu à travers l'exemple du cœlacanthe, une espèce peut apparemment traverser les âges de l'évolution sans pour autant subir de transformations morphologiques majeures. [...]
[...] Ainsi, le bios est soumis au changement au moins en tant qu'il est indissociablement lié avec sa zoé. Ainsi, il devient difficile de concevoir une existence menée où le sujet serait à la fin de sa vie le même qu'en son début. Et pour cause, au moins lié à la transformation de son corps, puis à sa dégradation, il l'est aussi par le fait qu'il se sait mortel, soumis là encore à une altérité de son corps en tant que matière animée. [...]
[...] Ainsi, le changement semble être une condition nécessaire au vivant. II L'altérité du vivant n'implique pas l'altérité du vécu Néanmoins, il est loin d'être certain que l'altérité du vivant implique l'altérité du vécu. Si la zoé semble bien être soumise au changement, le bios pourrait pouvoir s'en passer. Il semble en effet qu'une vie puisse être vécue sans pour autant nécessiter qu'un changement ne se produise. Un sujet semble pouvoir, a priori, être à un instant le même que celui qu'il était à un instant antérieur. [...]
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