« Le silence est d'or, la parole est d'argent » : à ce proverbe Céline n'adhère pas du tout lorsqu'il prétend « Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux, c'est entendu ». Pessimiste et misanthrope notoire, l'écrivain français s'attaque aux fondements du langage : non sans une certaine commisération, il dénie aux mots et aux individus la possibilité d'exprimer quoi que ce soit. Quel paradoxe pour un écrivain qui s'est par ailleurs rigoureusement attaché à écrire dans un style oral ! Si l'affirmation de l'auteur du Voyage au bout de la nuit repose sur une vision pessimiste de la communication qui n'est pas dénuée de fondement, elle ne doit pas occulter la faculté fondamentale de l'homme : être pourvu de langage (...)
[...] Et même si l'on peut remarquer que tous les humains ne sont pas doués de langage les sourds-muets, les fous ils n'en ont pas moins partie prenante au logos, au sens : les sourds-muets possèdent un langage par signes ; le fou dans sa logorrhée accède même à un au-delà poétique du langage : Artaud, Nerval ou Maupassant en constituent d'indéniables preuves. Il est donc reconnu que le langage est en l'humanité, qu'il constitue un instrument universel propre à l'homme. Le linguiste Benveniste ne dit pas autre chose dans Problèmes de la linguistique générale. [...]
[...] Nomade de la 3 Dissertation de Culture générale : Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux, c'est entendu - Louis-Ferdinand Céline monade, sa condition coïncide avec l'entrée dans la modernité : la ville, le travail à la chaîne, l'accélération du temps contribuent à éloigner l'individu de son prochain. Le cinéaste italien Michelangelo Antonioni est parvenu magistralement à traduire ce sentiment de déréliction propre à la modernité : ainsi, dans L'Éclipse, il nous narre l'éclosion avortée d'une relation amoureuse, en s'appuyant uniquement sur des éléments de décor urbain moderne qui instaurent un climat angoissant et aliénant. [...]
[...] Dissertation de Culture générale : Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux, c'est entendu - Louis-Ferdinand Céline Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux, c'est entendu Louis-Ferdinand Céline Introduction I. La vision pessimiste de Céline à l'égard de la communication s'approche de la conception que développe le philosophe Husserl dans la première de ses Recherches logiques : lors d'une communication, l'individu peut informer l'autre de tel ou tel état mental dans lequel il se trouve, non le lui faire partager. [...]
[...] Comparant cette danse au langage humain, Benveniste en tire quatre points de distinction : ces signes ne sont pas de nature phonique ; l'abeille ne cherche pas à instaurer de dialogue ; les signes se réfèrent à un contenu unique et concret : la nourriture ; surtout, ils ne se laissent pas décomposer en unités distinctives. Et Benveniste de conclure : ce n'est pas un langage mais un code de signaux C'est pourquoi il est possible d'instaurer la langue comme objet de science. [...]
[...] L'étude du mot ne se fait pas isolément, mais dans son rapport avec d'autres. La langue existe sur un mode différentiel. À ce titre, elle justifie tout bavardage inutile, tout parler qui ne dit rien. Ainsi, en raison de sa faculté à s'exprimer, l'homme a la capacité de tout dire et de ne rien dire, sans pour autant que cela ne signifie rien. Conclusion Céline, malgré qu'il en ait, a néanmoins saisi cela : plus de six cent pages séparent Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. [...]
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