Figure du maitre, aliénation, dominé, dominant, commandement
Topos omniprésent et intemporel de la littérature, des paraboles évangéliques aux pièces de Molière, la figure du maitre hante l'imaginaire collectif. Qu'il soit bouffon, tyran ou sage, le maitre se rapporte toujours à l'idée d'une relation de domination, voire même de soumission (Cf. latin magister : ce qui est au dessus ). Etre maitre, de soi, des autres ou de la nature, implique toujours une forme de commandement, et donc à la fois expression d'une liberté et aliénation d'une autre. La question du maitre rejoint donc celle de l'intersubjectivité , celle d'un combat entre le « tu dois » et le « je veux » :dois je et puis je me construire seul ou ai-je besoin de l'autre ?
[...] « Il a quatre laquais » : peu importe les fondements du statut de maitre, il l'est, et c'est en dépassant la critique de l'injustice de ce fait, que l'on est vraiment habile. Car si l'autorité infondée ne saurait être prise comme valeur, elle est néanmoins garante d'une valeur encore plus grande : l'ordre. La raison de cette soumission de l'individu au corps social, de la liberté à la nécessité de l'ordre, est notre finitude. Cette finitude, relative à une autorité supérieure, rappel pressant des romantiques à l'orgueilleuse finitude des Lumières, sera aussi prétexte à d'autres critiques de la prétention illusoire de l'homme à s'auto-fonder, à être son propre maitre. [...]
[...] Cette autorité relative ne saurait mettre en danger la liberté , car elle est expression et non pas aliénation de celle-ci. A l'image de Prométhée qui se libère des Dieux pour apporter le feu aux hommes, l'homme des Lumières se libére de ses maitres religieux et traditionnels pour devenir lui-même un maitre , ou se créer ses propres maitres. Paradoxalement, alors que dans le champ pratique une autorité factuelle et empirique (le talent, le mérite) va se substituer à une autorité théorique et illégitime (la nature, l'élection divine), dans le champ théorique c'est l'abstraction du droit qui va peu à peu s'imposer au règne de la force. [...]
[...] DISSERTATION DE PHILOSOPHIE GENERALE Td de Mlle Kora Andrieux Qu'est ce qu'un maitre ? « Quel est le grand dragon que l'esprit ne veut plus appeler ni Dieu, ni maitre ? « Tu dois s'appelle le grand dragon. Mais l'esprit du lion dit je veux » Topos omniprésent et intemporel de la littérature, des paraboles évangéliques aux pièces de Molière, la figure du maitre hante l'imaginaire collectif. Qu'il soit bouffon, tyran ou sage, le maitre se rapporte toujours à l'idée d'une relation de domination, voire même de soumission (Cf. [...]
[...] En effet , la durée, donnée empirique et factuelle, est la meilleure garante de la légitimité d'une autorité, car elle prouve son efficacité. Peu importe qui et pourquoi sont les maitres, tant qu'ils sont efficaces et garantissent une cohésion sociale (que la Révolution française est loin de garantir). On retrouve cette idée un siècle plus tôt chez Pascal, pour qui la dimension artificielle et essentielle du maitre se confondent. A cet égard, le fragment 18 des Pensées est édifiant . [...]
[...] Toute la difficulté de l'entreprise se ramenait à la possibilité de constituer une figure du maitre compatible avec celle d'un individu libre et autonome. La force ou pouvoir (potestas) ayant été immédiatement écarté au profit de la notion d'autorité (auctoritas) plus propre à fonder cette harmonie. Tout en évitant tout dogmatisme qui prendrait la forme d'un autoritarisme, et tout relativisme qui tomberait dans le laxisme, et en echappant au pessimisme resigné des conservateurs et à l'aveugle optimisme des progressistes, nous avons réussi à dégager la possibilité d'une « relation non tyrannique ET cependant transitive », entre un individu libre et autonome qui accepte de voir en l'autre un maitre, par un acte qui pose la liberté dans l'intersubjectivité. [...]
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