Dans l'évangile selon St Matthieu, Jésus a mis en évidence que juste après l'amour de Dieu, c'est l'amour du prochain qui doit gouverner notre vie. Dans cette exhortation au futur, "Tu aimeras ton prochain comme toi-même.", Jésus ramène la Loi à l'amour et opère donc un changement avec les institutions d'Israël qui appliquaient à la lettre le principe de la justice distributive : "Œil pour œil, dent pour dent". Cette règle n'impose pas l'amour comme devoir (l'amour ne se commande pas) mais elle est l'expression de l'exigence d'orienter son existence vers la sollicitude envers autrui. De là la question de savoir si ce précepte peut être le fondement d'une morale.
Aimer signifie, dans son acception ordinaire, avoir de l'affection, du goût, de l'inclination pour quelqu'un ou quelque chose, c'est ainsi que l'amour peut caractériser l'affection réciproque entre deux personnes ou encore l'attachement et l'intention de se dévouer à un idéal. L'amour ne se commande pas et on peut penser à un non-sens lorsqu'on nous donne un impératif d'amour, c'est pourquoi il faut chercher une forme de sentiment semblable à l'amour qui puisse faire l'objet d'un commandement. En philosophie, l'amour est loin d'être un concept univoque puisque chez Platon, c'est une aspiration au beau, au bien, à l'absolu. Chez Freud enfin, l'amour est l'Eros, "l'amour sensuel" ou "désir des sens". Kant enfin prend soin de distinguer amour pathologique, qui dépend de la partie passive de notre nature c'est-à-dire notre sensibilité, et amour pratique (proche de la bienveillance et dépourvu d'éros), qui dépend de la libre activité de la raison et marque une volonté désintéressée du bien de l'autre.
Le prochain est, selon le Christianisme, tout homme. En effet cette religion affirme que tous les êtres doués de conscience ont un même Père, et donc que tout homme est notre frère, notre prochain. C'est en fait l'acception religieuse d'autrui, qui est l'autre que moi mais surtout un autre moi, un semblable. Au-delà de ses différences, le prochain est le même que moi, c'est-à-dire le "toi-même" désigné par dans le commandement. Le "prochain" n'est pas un "proche", et son anonymat rend le devoir de sollicitude envers lui étonnant, d'autant plus que l'expression "mon prochain" l'attribut comme "mien" alors que je ne le connais pas.
La tradition chrétienne rattache à cette maxime (et à celle de l'amour de Dieu) toute sa Loi. Mais la religion peut-elle fonder une morale? Autrement dit, cette maxime peut-elle être une doctrine raisonnée? Ce devoir évangélique est-il vraiment compatible avec les intérêts de chacun? La bienveillance est-elle une attitude spontanée chez l'homme ou bien celui-ci tend-il plutôt vers l'agressivité envers autrui? En fin de compte, le devoir d'aimer est-il fondé en raison?
C'est en vue de répondre à ces questions que nous analyserons dans un premier temps ce que la tradition chrétienne entend par cette maxime. Puis il faudra se placer dans la perspective kantienne qui parvient à fonder en raison les commandements évangéliques. Enfin il s'agira de comprendre si ce devoir d'aimer n'est pas limité par la nature même de l'homme.
[...] Le prochain est, selon le Christianisme, tout homme. En effet, cette religion affirme que tous les êtres doués de conscience ont un même Père, et donc que tout homme est notre frère, notre prochain. C'est en fait l'acception religieuse d'autrui, qui est l'autre que moi, mais surtout un autre moi, un semblable. Au-delà de ses différences, le prochain est le même que moi, c'est-à-dire le "toi-même" désigné par dans le commandement. Le "prochain" n'est pas un "proche", et son anonymat rend le devoir de sollicitude envers lui étonnant, d'autant plus que l'expression "mon prochain" l'attribut comme "mien" alors que je ne le connais pas. [...]
[...] Qu'est-ce que l'amour du prochain ? Tu aimeras ton prochain comme toi-même Dans l'évangile selon St Matthieu, Jésus a mis en évidence que juste après l'amour de Dieu, c'est l'amour du prochain qui doit gouverner notre vie. Dans cette exhortation au futur, "Tu aimeras ton prochain comme toi-même.", Jésus ramène la Loi à l'amour et opère donc un changement avec les institutions d'Israël qui appliquaient à la lettre le principe de la justice distributive : "Œil pour œil, dent pour dent". [...]
[...] Par exemple, le commandement " tu ne mentiras pas "est fondé en raison, car le menteur ne peut pas logiquement vouloir que tout le monde mente tout le temps, autrement la parole de chacun y compris la sienne aurait perdu pour les autres toute crédibilité; et donc, il ne pourrait plus tromper personne. Universaliser la maxime selon laquelle je décide de mentir quand je veux ruine ses conditions de possibilité et on aboutit donc à une contradiction. Ainsi pour Kant, l'amour du prochain est également un devoir rationnel. En effet nous aimons autrui selon Kant parce que nous aimons l'humanité en lui et le fait qu'il nous ressemble. Ainsi, nous cherchons tous à coexister d'après la loi de réciprocité qui organise "le règne des fins". [...]
[...] L'impératif d'amour articulé par Jésus rappelle l'homme à son être profond. En effet, Dieu est Amour, or si l'homme est à son image, il ne peut atteindre Dieu, autrui et donc lui même que par une triple relation d'amour. Cette exhortation impliquerait donc une tache d'intégration du moi et pourrait ainsi être ontologique puisqu'elle pousse à étudier l'être en lui-même. Transition : La Bible présente de nombreux commandements évangéliques, et prétend que l'homme y obéisse. Mais ceux-ci sont uniquement fondés sur une autorité supérieure, ce qui pose le problème de leur légitimité et ne concerne que les fidèles. [...]
[...] La perspective chrétienne C'est dans la pensée chrétienne que l'amour du prochain se constitue comme accomplissement de la Loi. La rupture avec la loi du talion Cette règle n'est pas nouvelle et existe déjà dans l'Ancien Testament, mais dans le christianisme, ce commandement prend une portée universelle alors que dans le judaïsme, elle n'était que particulière. Dans l'évangile selon St-Matthieu, Jésus déclare qu'il n'est pas "venu pour abolir la Loi, mais pour l'accomplir" La Loi telle qu'elle était léguée par les ancêtres n'est pas caduque, mais elle est impuissante à régenter l'intériorité. [...]
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