Quel est le sens psychologique de la notion de causalité, de la notion de cause ? Cette question, en implique une autre, moins désintéressée : faut-il conserver, dans le vocabulaire de la description phénoménologique, la notion de cause qu'une analyse purement intellectuelle invalide par ailleurs de son propre point de vue ? Le fait de dire que « nous sentons la causalité » a-t-il un sens pré-linguistique ou bien de telles affirmations résultent-elles d'un consensus culturel intériorisé, enraciné à un niveau inconscient ? Autrement dit, la sensation de causalité constitue-t-elle un schème a priori de notre sensibilité ou n'est-t-elle qu'un schème culturel automatisé, un peu à la façon dont on peut éprouver la sensation patriotique ou encore grand nombre de sensations de répulsion et d'attirance ? (...)
[...] Nous ne pouvons pas ne pas sentir la causalité, mais nous ne savons pas (en prenant le savoir dans sa dimension cognitive) si elle existe en tant que phénomène physique. En effet, la prégnance d'un phénomène mental n'implique nullement son existence en tant que phénomène physique.6 En tout cas, nous pouvons conclure que si user de la terminologie causale dans nos descriptions fonctionnelles du monde physique reste aujourd'hui un pari, les descriptions phénoménologiques du monde mental ne seraient se passer d'une telle terminologie sans trahir leur objet. [...]
[...] Il est fort à parier que nous dirions que la tornade cause la destruction de la maison, mais que le soleil, par exemple, ne cause pas - à proprement parler - la croissance de la plante. De la même façon, on se trouverait enclin à affirmer que le feu produit la brûlure, mais non que le livre produit la connaissance. C'est la force active et exclusive de la tornade et du feu qui causent respectivement la destruction de la maison et la brûlure. [...]
[...] De toutes façons, l'habitude de penser en termes de pouvoirs est bien plus ancienne que mon enquête critique et, à moins de répéter constamment que je ne peux pas encore savoir si ces pouvoirs existent bel et bien en tant que phénomènes physiques et non seulement comme phénomènes mentaux, je continuerais à avoir une sensation, un phénomène mental qui me donne l'impression de savoir que les choses se causent les unes les autres par le biais de leurs pouvoirs ou de leurs forces respectives. Ce que nous voudrions nous demander ici, c'est si cette habitude est de nature prélinguistique ou non. Nous aimerions suggérer une brève phénoménologie de la sensation de causalité. Quand éprouvons-nous cette sensation ? [...]
[...] Le sens psychologique contradictoire de la notion de causalité Quel est le sens psychologique de la notion de causalité, de la notion de cause ? Cette question, en implique une autre, moins désintéressée : faut-il conserver, dans le vocabulaire de la description phénoménologique1, la notion de cause qu'une analyse purement intellectuelle invalide par ailleurs de son propre point de vue ? Le fait de dire que nous sentons la causalité a-t-il un sens pré-linguistique ou bien de telles affirmations résultent-elles d'un consensus culturel intériorisé, enraciné à un niveau inconscient ? [...]
[...] mais Jusqu'à quel point sommes-nous habitués à croire que le monde fonctionne à base de causes ? 2 Nous utilisons cette expression un peu vague afin de l'opposer à ce que nous appelons l'analyse phénoménologique des phénomènes personnels, ou intérieurs Ces deux modalités de l'analyse pourraient correspondre à l'observation des faits physiques (qui peuvent être des faits situés à l'intérieur de notre corps, comme les contractions de mon estomac lorsque j'éprouve la sensation de faim) et l'observation des faits mentaux (qui ne peut consister qu'en l'observation de mes faits mentaux, de ma sensation de faim). [...]
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