Nous partirons ici du constat que « sans une réflexion préalable sur le type d'analyse qu'il s'agit de construire, il ne peut pas y avoir d'entente sur les critères qu'on utilisera pour juger du succès ou de l'échec d'une analyse donnée de la causalité. » Quel type d'analyse visons-nous à construire ici ? Nous voudrions construire une analyse conceptuelle en essayant de stipuler « les conditions de vérité de cas non contreversés d'énoncés causaux singuliers » Selon quelle démarche construire cette analyse des vérificateurs conceptuels (et non ontologiques), des « conditions de vérité » d'un jugement causal spontané ? (...)
[...] La valeur de ces facteurs est déterminée par les lois de notre monde connu, lequel pourrait n'être qu'un système parmi d'autres.9 Prenons un exemple paradigmatique : celui du choc d'une boule en mouvement A sur une boule à l'arrêt laquelle entre alors en mouvement. Quels sont les composants épistémiques du jugement causal le mouvement de A cause le mouvement de B ? Ces composants sont un ensemble de facteurs invariants. Sans choc, il n'y aurait pas eu de mouvement de de même si la première boule n'avait pas bougé dans une direction qui lui permette de percuter la seconde : pas de mouvement de B sans choc entre A et et pas de choc sans orientation adéquate du mouvement de A. [...]
[...] Inversement, sans une occurrence spatio-temporelle concrète, le jugement la neige fond à cause du soleil n'est pas un jugement causal mais un jugement nomologique qui peut être confirmé ou réfuté par l'analyse empirique ou / et déductive des occurrences causales particulières. Tasio Retortillo, M1 de philosophie, Université Pierre-Mendès France, 2008. [...]
[...] C'est cette conclusion, et non le raisonnement lui-même, qui nous parait totalement contre-intuitive. En effet, il semble intuitivement indéniable que les substances - ou, au moins, certaines de leurs propriétés - jouent un rôle aussi important que l'événement qui les met en interaction. Dans notre premier exemple, si le tireur avait beaucoup moins aguerri, si ses intentions de tuer avaient été plus mitigées ou encore si la cible était plus mince, alors le coup de feu n'aurait peutêtre pas déclenché la mort. [...]
[...] Nous pouvons, parmi les facteurs causaux implicites dans un jugement causal, distinguer entre les facteurs invariants et les facteurs contextuels. Les facteurs invariants8 sont ceux, parmi les facteurs causalement efficaces, qui ne varient jamais ni en qualité, ni en quantité, quel que soit le contexte. Il ne faut pas confondre les facteurs invariants avec d'hypothétiques facteurs universels. Nous appelons invariant tout facteur qui est une propriété d'un système, système qui se maintient dans plus ou moins d'espace et au cours de plus ou moins de temps. [...]
[...] Les seconds fluctuent en fonction de la situation, au sein du système, de l'événement considéré. Les conditions de vérification de validité d'un jugement causal résident donc dans cette double articulation : pour être intuitivement valide, un jugement causal doit contenir une ou plusieurs références implicites à au moins un facteur de chaque catégorie. Par exemple, le jugement la neige fond à cause de la chaleur doit, pour être valide, comporter une référence à la situation spatio-temporelle concrète, à cette neige et cette chaleur, ainsi qu'à certaines (au moins une) lois et propriétés invariantes de notre monde qui justifient la relation causale, sans quoi nous ne pourrions sortir de la thèse selon laquelle nous portons un tel jugement car nous sommes conditionnés à le faire. [...]
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