"Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme ? C'est le contraire" disait avec humour Henri Jeanson. L'exploitation, c'est-à-dire le fait de profiter de la situation de certains individus pour en tirer un profit ou une plus value semble être unanimement dénoncée, peu importe le régime dans lequel elle s'inscrit.
Pourtant, lorsque Joan Robinson, économiste anglaise proche des idées de Keynes énonce qu' "Il y a pire que d'être exploité par le système capitaliste, c'est de ne pas même trouver quelqu'un pour vous exploiter", il semblerait que l'exploitation ne soit finalement pas la pire des choses qu'il puisse arriver au sein du système capitaliste, pourtant habituellement critiqué essentiellement sur ce point. Dans quelle mesure peut-on donc être d'accord avec la citation de Joan Robinson ? (...)
[...] Pourtant, aujourd'hui le salariat s'est très largement institué en un statut social protégé, voire même comme une norme sociale grâce à l'Etat Providence. Le travail n'est pas forcément vécu comme une exploitation et comme une aliénation. (cf. Baudelot/Gollac Travailler pour être heureux Ne pas trouver quelqu'un pour être exploité par le système capitaliste : une aubaine ? Etat Providence fournit une assistance : cf. débat sur les trappes à pauvreté et les effets désincitatifs des minimas sociaux. Professions libérales, promotion de l'auto-entreprenariat, création d'entreprises etc. [...]
[...] Transition : citation assez pessimiste dans le sens ou elle considère Une vision duale qui déforme la réalité ? Vision donnée par la citation serait qu'il y aurait essentiellement deux catégories d'individus : ceux qui sont exploités et ceux qui ne le sont pas. Et dans une perspective internationale, des pays exploités, et des pays oubliés. Or le problème posé est peut être plus vaste qu'une vision duale. Au niveau du travail salarié, la crise actuelle n'est peut être pas une crise de l'exclusion mais de la désaffiliation C'est la thèse de R Castel (les métamorphoses de la question sociale) dans laquelle il montre que c'est l'ensemble du salariat et en particulier du statut de salarié qui est mis en danger. [...]
[...] Conclusion : La citation de Joan Robinson indique donc qu'il vaut mieux être exploité dans le système capitaliste, qu'exclu de celui-ci puisque malgré les défauts inhérents au capitalisme, il vaudrait mieux y être intégré qu'en dehors. En ce sens, elle réhabilite cette organisation de l'économie, dont elle a pourtant largement pris ses distances dans son œuvre d'économiste. Pourtant, elle reste peut être trop critique envers lui voire trop simpliste pour saisir dans leur ensemble les mécanismes d'exploitation et d'exclusion à l'œuvre, ce qui est dommageable puisque à l'heure ou le capitalisme est tant décrié, il faut peut être aussi se pencher sur ce qu'il a pu apporter comme bienfaits. [...]
[...] Au niveau international et des relations entre pays riches et pauvres : existence d'un Quart Monde qui contrairement au Tiers Monde n'est même pas exploité mais est oublié. L'exploitation semble meilleure que ces situations. Transition : Pourtant, avec S. Paugam et son concept de pauvreté intégrée on peut pourtant voir que finalement, une situation de pauvreté intégrée peut être mieux vécue qu'une situation où l'on est à l'intérieur du système capitaliste mais aux marges de celui-ci. Il semble donc qu'il y ait une difficulté à comparer de telles situations, toujours complexes. [...]
[...] le capitalisme en tant que système économique fondé sur la propriété privée des biens de production et sur une distinction entre ceux qui possèdent le capital et ceux qui l'exploitent, entraine automatiquement exploitation au sens de Marx. (si le capitaliste n'avait aucun intérêt à embaucher quelqu'un, il ne le ferait pas. Or c'est ainsi que Marx définit l'exploitation : lorsqu'il y a une différence entre la valeur d'échange et la valeur d'usage de la force de travail.) Transition : Malgré le caractère inévitable de l'exploitation capitaliste, celle-ci serait finalement un moindre mal comparé à l'exclusion du système capitaliste. Un moindre mal ? [...]
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