16 ans après sa naissance à Perprignan, le jeune Robert Brasillach, l'image du provincial Rastignac en tête, débarque à Paris en novembre 1925 pour poursuivre des études supérieures de Lettres en hypokhâgne au lycée Louis le grand. L'antichambre de l'ENS de la rue d'Ulm, le temple de l'élite républicaine.
Le quartier latin que Robert Brasillach découvre en 1925 est tout entier sous l'emprise de l'Action Française et de son maître à penser Charles Maurras. Elle y règne en maître, impose ses idées, ses dogmes et ses passions. Mais les préoccupations de Brasillach sont alors ailleurs. Certes, à l'été 1927, il publie une série de portraits littéraires dans la revue perpignanaise Le Coq catalan, où il fait l'apologie de Maurras « La doctrine de Maurras est la seule doctrine importante de la Cité de notre temps qui comporte une philosophie. Maurras a bâti le plus complet des systèmes politiques, artistiques et moraux. Une société doit vivre comme un organisme humain (...) Pour cela, il faut un roi. Ce roi sera absolu, tout lui appartiendra. Ne nous insurgeons pas contre cette idée ».
Mais il entonne également, parfois, l'Internationale avec certains camarades de lycée, lit le Canard enchaîné. Goût de la provocation et de la révolte. Déjà.
Mais il ne faut pas chercher ici un déterminisme profond. Brasillach est alors avant tout un intellectuel, pétri de culture, qui consacre son temps au « cercle fermé des livres (Notre avant guerre). La querelle de la « poésie pure » qui agite l'Académie le captive. Il lit Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Dostoïevsky et Proust. Il découvre également la littérature contemporaine : Barrès, Péguy, Claudel, Giraudoux, Colette, Bernanos (Sous le soleil de satan) qui fait naître chez lui une forte répulsion contre le « cynisme irréligieux » d'écrivains comme Gide notamment. Mais à cette époque, Brasillach est hors de l'histoire, éprouvant simplement un « dégoût pour le monde moderne et quelque penchant foncier pour l'anarchie ».
[...] 19H : verdict : la mort. Brasillach sera fusillé le 6 février ans après le 6 février 34 où la France frôla l'aventure fasciste. Le procès du plus emblématique des écrivains collabos n'aura donc duré que six heures. Le débat reste cependant d'actualité. Il y a 3 ans, une chercheuse Américaine, Alice Kaplan, publia un livre Brasillach, intelligence avec l'ennemi qui apporte un point de vue extérieur au débat franco français. A la question Brasillach était-il coupable, Kaplan répond oui Mais à celle a-t-il mérité d'être fusillé ? [...]
[...] Son adhésion pour ces fascismes merveilleux adjuvants des poésies nationales est ainsi totale et militante. A l'aube de sa mort, condamné pour ses idées, Brasillach écrira encore à Fresnes le fascisme, la vérité la plus exaltante du XX siècle Le fascisme de Robert Brasillach Mais avant d'étudier ce Brasillach collaborateur, on peut s'interroger sur ce qu'était ce fascisme qu'il encense et dont il développe longuement les thèmes dans Notre Avant guerre. Le fascisme n'était pas pour nous une doctrine politique, écrit Brasillach. [...]
[...] Mais les préoccupations de Brasillach sont alors ailleurs. Certes, à l'été 1927, il publie une série de portraits littéraires dans la revue perpignanaise Le Coq catalan, où il fait l'apologie de Maurras La doctrine de Maurras est la seule doctrine importante de la Cité de notre temps qui comporte une philosophie. Maurras a bâti le plus complet des systèmes politiques, artistiques et moraux. Une société doit vivre comme un organisme humain ( . ) Pour cela, il faut un roi. [...]
[...] C'est de près seulement que l'on voit son sourire. Un sourire presque enfantin, comme en ont si souvent les meneurs d'hommes. Il est si gentil disent ses collaborateurs. On lui présente quelques personnes, il serre des mains avec un air absent, répond de quelques mots. Et nous restons là, stupéfaits, ne comprenant pas. Pourtant il faut regarder ses yeux. Dans ce visage insignifiant, eux seuls comptent. Ce sont des yeux d'un autre monde, des yeux étranges d'un bleu profond et noir dont on ne distingue pas la prunelle. [...]
[...] Ses écrits de jeunesse restent donc marqués par une grande culture (Histoire du cinéma), et par des thèmes propres à la jeunesse révoltée des années 30 proche de l'Action Française : culte de la révolte, du pays natal, de la force et du courage, de la camaraderie. Des thèmes qui préfigurent un esprit fasciste un fascisme intellectuel qui déjà transparaît dans les thèmes développés dans ces premiers romans. A 25 ans, Brasillach était cependant avant tout reconnu comme critique confirmé. Depuis 1931, il écrivait chaque semaine le feuilleton littéraire de l'Action Française. Il publie également dans la Revue Française, dirigée par Jean-Pierre Maxence. Pourtant, il ne faudrait pas gommer, comme Maurice Bardèche la fait en rééditant les œuvres de Brasillach, certaines colorations qui apparaissent déjà. [...]
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