« J'ai atteint le Dhamma, profond, difficile à voir, difficile à comprendre, silencieux, excellent, au-delà des pensées, subtil » (Gotama Buddha in Pande: 116). L'illumination, le nirvana ne peut être transmis par les mots. Le Haïku, poème japonais composé selon le schème syllabique 5-7-5 est ainsi une forme particulièrement bien adaptée aux différentes formes de Bouddhisme japonais, ici le Zen et le Bouddhisme de la Terre Pure: sa structure très courte, simple et dénudée privilégie les émotions et les sensations, l'ineffable.
Le Zen et le Bouddhisme de la Terre pure se retrouvent dans les éléments, les croyances et les doctrines clefs du Bouddhisme Theravada et Mahayana dont ils sont nés, éléments que l'on peut retrouver dans les Haïkus de Bashô et Issa. Néanmoins, certaines différences sont essentielles, et forment le cœur des leurs Haïkus. Quels sont les éléments Zen dans les Haïkus de Bashô ? Quels sont les éléments du Bouddhisme de la Terre pure dans les Haïkus d'Issa ? Comment, finalement, ces éléments se retrouvent-ils dans la tradition du Bouddhisme Mahayana et Theravada?
Les deux Haïkus de Bashô ont été écrits de la perspective du non-soi. Le soi n'est pas sujet et le non-soi n'est pas objet, le soi et le non-soi sont uns. En effet, le soi n'existe pas, il n'est que le résultat des pulsions égoïstes de l'homme qui voit le monde en termes de dualités et dichotomies. La brièveté du Haïku permet cette perspective d'écriture du non-soi: les catégories mentales du « je » et « eux » sont liées au langage, or le Haïku est économe en langage afin de faire appel aux sensations et à l'instinct, ressenti qui ne passe pas par la médiation de la pensée. Dans le langage Zen, Bashô a un bon kyogai, une bonne pensée et une bonne attitude à la fois, en tant qu'il n'est pas conscient de lui-même, il abandonne le monde des dualités, pratique essentielle pour atteindre Kensho, l'illumination, l'essence du Zen. Ainsi, dans la parabole « une coupe de thé » (Reps: 131), Nan-in constate du professeur d'université qu'il est « remplis de ses propres opinions et spéculations », ce qui l'empêche de comprendre le Zen. Il doit « vider sa tasse », se vider des passions, impermanentes, qui le fait voir le monde à travers les dualités.
Le premier Haïku, ici traduit par « Vieil étang/ au plongeon d'une grenouille/ l'eau se brise » ne présente aucun sujet, donc aucun objet, il revêt la forme d'une image figée dont la plénitude se dégage, d'un constat, neutre. Il dépasse les catégories morales et esthétiques, qui, si présentes, porteraient à la séparation entre le « moi » et le monde. Bashô vit l'état de Samâdhi (Sheng-Yen: 145), il n'y a pas de distinction entre lui et le monde, ni le temps et le lieu. La brièveté des deux haïkus exprime particulièrement bien la non-temporalité de l'expérience elle-même : même si le mouvement est présent dans chacun d'eux (« plongeon », « voyage », « parcourent ») l'expression qui s'en dégage est intemporelle. Samadhi est traduisible par « unité de pensée » ou « unité d'esprit », le dépassement de la dualité, de la non-dualité de la dualité et de la non-dualité. L'esprit de Bashô ne fait qu'un avec ce « vieil étang », cet étang sans âge, intemporel. Il n'est qu'un avec le bruit de l'eau également : « oto » en japonais est une onomatopée, Bashô ne décrit pas le bruit de l'eau, il le vit. Ainsi, Bashô embrasse l'unité dans la pluralité, il s'unit avec l'universel, ici symbolisé par la nature, symbole de l'infini car cyclique.
[...] L'ignorance est bonne dans le Bouddhisme de la Terre Pure. Or cette ignorance n'est pas la même que celle qui est rejetée dans le Zen et le Mahayana et le Theravada : toutes les personnes qui sont ignorantes de la distinction entre le bien et le mal sont confiantes (Maida). Ici, l'ignorance est définie comme l'ignorance des dualités, elle permet l'unité. Le principe est donc le même dans le Bouddhisme de la Terre Pure, Zen, Mahayana et Theravada, même si la terminologie change. [...]
[...] a. Jiriki et Tariki . b. Non-acceptance de l'impermanence . c. Compassion . III. Mahayana et Theravada . a.Dukkha . b.L'impermanence . c. [...]
[...] Le soi n'est pas sujet et le non-soi n'est pas objet, le soi et le non-soi sont un. En effet, le soi n'existe pas, il n'est que le résultat des pulsions égoïstes de l'homme qui voit le monde en termes de dualités et dichotomies. La brièveté du Haïku permet cette perspective d'écriture du non-soi : les catégories mentales du je et eux sont liées au langage, or le Haïku est économe en langage afin de faire appel aux sensations et à l'instinct, ressenti qui ne passe pas par la médiation de la pensée. [...]
[...] Taitetsu Unno, Quest,” River of Fire, River of Water (New York, NY: Doubleday, 1998), 46-52. [...]
[...] Le Haïku, poème japonais composé selon le schème syllabique 7-5 est ainsi une forme particulièrement bien adaptée aux différentes formes de Bouddhisme japonais, ici le Zen et le Bouddhisme de la Terre Pure: sa structure très courte, simple et dénudée privilégie les émotions et les sensations, l'ineffable. Le Zen et le Bouddhisme de la Terre pure se retrouvent dans les éléments, les croyances et les doctrines clefs du Bouddhisme Theravada et Mahayana dont ils sont nés, éléments que l'on peut retrouver dans les Haïkus de Bashô et Issa. Néanmoins, certaines différences sont essentielles, et forment le cœur des leurs Haïkus. Quels sont les éléments Zen dans les Haïkus de Bashô ? Quels sont les éléments du Bouddhisme de la Terre pure dans les Haïkus d'Issa ? [...]
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