Le bonheur se mérite-t-il ?

Thèmes abordés

Bonheur, malheur, pauvreté, mérite, La Petite fille aux allumettes, accès au bonheur, conscience de sa finitude, état d'esprit

Résumé du document

Dans le conte La Petite fille aux allumettes, on nous raconte l'histoire d'une marchande d'allumettes d'une famille pauvre et qui se retrouve obligée de vendre des allumettes pour assurer une maigre subsistance à sa famille. Un jour où il fait très froid, la petite fille, qui commence à mourir de froid et de faim, aperçoit l'intérieur des maisons alentour avec des tables de festin et des visages heureux. Elle décide alors de brûler ses allumettes pour s'offrir un peu de chaleur. Petit à petit, la fillette brûle de plus en plus d'allumettes.
Finalement, à la dernière allumette, qui symbolise sa vie, la petite fille meurt, mais rejoint une personne chère disparue et qui l'aimait : elle accède ainsi à une forme de bonheur.
La Petite fille aux allumettes questionne l'idée d'un bonheur mérité. En effet, la petite fille du conte traduit un déterminisme qui lui défend l'accès au bonheur de son vivant, elle ne mérite pas son sort misérable, elle accède malgré tout à une forme de bonheur.
Le bonheur désigne un état durable de sérénité et de plénitude.
Le bonheur se mérite-t-il ?

Extraits

[...] Envisageons maintenant le bonheur comme récompense d'une quête. Dans Yvain ou le Chevalier au Lion, Yvain doit prouver ses qualités morales à sa dame avant de connaître l'amour de celle-ci, qui s'apparente dans ce récit au bonheur. Bien souvent, dans les romans de chevaliers comme Tristan et Iseult ou encore Lancelot du Lac, le bonheur se mérite et est présenté comme une véritable quête chevaleresque, au cours de laquelle le chevalier montrera ses vraies qualités en accomplissant des prouesses extraordinaires, parfois au péril de sa vie pour se montrer digne de sa dame. [...]

[...] Si le bonheur se mérite, alors on doit s'accommoder de notre conscience, juge de notre bonheur. Il faudrait ainsi posséder un état d'esprit apte à permettre l'obtention du bonheur. Il est alors possible de trouver du bonheur en prenant conscience du confort dans lequel on vit et de la chance que nous avons. Notre conscience s'envisage dans ce cas-là non pas comme un obstacle mais comme une aide pour atteindre le bonheur. Par exemple, lorsque tous nos besoins primitifs sont satisfaits (on est au chaud, on n'a ni faim ni soif), on éprouve un sentiment de sérénité dans l'avenir qui peut s'apparenter à une forme de bonheur. [...]

[...] Notre propre bonheur dépendrait alors du bien commun. On peut cependant se demander s'il est vraiment légitime, et donc méritoire d'agir moralement tout en étant intéressé par son propre bonheur égoïste. De cela, il en découle que l'action morale serait un prétexte pour accéder à son bonheur individuel et non une fin en soi. Il serait alors condamnable, d'un point de vue éthique d'agir moralement uniquement dans le but de se rendre heureux soi-même. Il n'y a alors aucun mérite à être heureux de cette façon. [...]

[...] Dans un sens, les deux amants ont mérité le bonheur d'être libérés d'un poids car ils ont dû au préalable subir ce poids, un meurtre. Finalement, on a vu que l'action morale était un présupposé au bonheur. Nous mériterions le bonheur uniquement comme résultat d'actes extérieurs à nous-mêmes et qui concerneraient les autres. Doit-on toujours mériter le bonheur en donnant quelque chose en échange ? N'est-il pas plus légitime d'atteindre le bonheur en adoptant un état d'esprit qui s'y prête ? En quoi consiste alors le mérite ? [...]

[...] Prenons l'exemple d'un entrepreneur qui voudrait monter une entreprise. Avant de monter et d'ouvrir son entreprise, bien souvent, l'entrepreneur devra souscrire un prêt à la banque, prêt qu'il devra rembourser pendant plusieurs années. Si voir aboutir son projet d'entreprise fait le bonheur de cet entrepreneur, il aura néanmoins dû auparavant prendre un risque en empruntant de l'argent. Notons également que, si le bonheur peut demander un investissement d'argent ou de temps, il peut aussi exiger une lutte, voire un combat. [...]