Après avoir étudié quelle était l'essence du libre-arbitre, Bonaventure étudie son rapport à ces deux puissances, et plus précisément son rapport principal, i.e. premier : à quoi le libre-arbitre se rapporte-t-il en premier, avant tout ? Traitant cette question, nous serons amenés à examiner ce qu'est au juste cette primauté, cette antériorité. Ici, Bonaventure présente la réponse à la question posée, après avoir passé en revue les deux positions que celle-ci acceptait : il y répond que le libre-arbitre se trouve autant dans la raison que dans la volonté
[...] La mineure pose ensuite une assertion sans preuve, mais dont la justification se fera ensuite il s'agit ici d'une sentence. Elle affirme que la raison du mouvement auparavant cité, celui d'une puissance, commence, dans le cas du libre-arbitre, dans la raison et s'achève dans la volonté. On reconnaît là le passage syllogistique d'une majeure universelle à une mineure existentielle, avec pour terme central celui de mouvement. Ici, on ne parle pas non plus du mouvement seul mais de sa raison, i.e. [...]
[...] Le libre- arbitre est en effet une maîtrise, il élève l'homme, lui permet de mériter la grâce et d'être sauvé de sa condition de pêcheur. L'inextricable de la raison et de la volonté au sein du libre-arbitre fait écho à l'union du Père, Fils et Saint Esprit dans la Trinité, et les deux schémas de pensée semblent eux-mêmes rappeler le premier la raison, figée et certaine, la seconde la volonté, dynamique et en recherche, et qu'ils finissent par se mêler n'est pas un hasard. [...]
[...] Bonaventure affirme que la raison est une condition nécessaire mais non suffisante à la volonté, qui semble être présentée comme simplement passive. Il semble de plus qu'en tant que passive, on traite de son mouvement à elle, et non plus de celui de l'action conjuguée de raison et volonté : dans ce cas, il s'agirait de s'écarter quelque peu du libre-arbitre, pour d'abord voir ses deux composants de manière isolée. Ainsi, le mouvement de la volonté (le désir) n'est rien sans pensée préalable (le choix d'un objet) : Bonaventure cite sans le nommer Augustin en appui de cela : on ne peut aimer sans savoir ce qu'on aime, sans l'identifier mais aussi sans le connaître. [...]
[...] de sa cause : on retrouve ici l'épistémologie aristotélicienne de la recherche des causes. On reconnaît de plus le terme d'accomplissement qui rappelle celui, aristotélicien, d'entéléchie : le mouvement serait donc bien un acte, qui prend naissance et s'accomplit dans deux puissance, mais dont la fin nous est inconnu. Enfin, la conclusion identifie le liber-arbitre à la raison du mouvement, et le fait donc commencer dans la raison du mouvement, et le fait donc commencer dans la raison et s'accomplir dans la volonté. [...]
[...] Bonaventure, Commentaires des Sentences, II q.6, Respondeo Introduction Même si le terme de liberté n'apparaît que rarement dans les Evangiles (trois au quatre occurrences), la question du libre-arbitre devient centrale au XIIIème siècle, dont les deux principaux docteurs sont Saint Bonaventure et Saint Thomas d'Aquin. Quand, dans l'Ecriture, la liberté était ce qui résultait de la connaissance et de l'amour de la Vérité qui était le Christ, qu'en était-il pour ses deux penseurs ? Bonaventure étudie la question de savoir si le libre-arbitre réside plutôt dans la raison ou la volonté sans que ce ou soit exclusif. [...]
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