Les biotechnologies ouvrent à l'homme de vastes horizons puisqu'elles lui permettent de manipuler le vivant au niveau moléculaire: sur des plantes (les OGM), les animaux et, à terme, l'humain. Ce biopouvoir nouvellement acquis déclenche les passions et remet en question nombre de convictions sur fond de vide juridique puisque, la plupart du temps, c'est la loi qui court après les faits. Dans ce contexte, la bioéthique a pour vocation de fournir un cadre pour limiter les abus potentiels en matière de biotechnologie. Mais quel doit être ce système de valeurs? Qui doit le déterminer ? Comment assurer son respect ?
[...] Comment assurer son respect ? Ces questions restent en suspens, alors que la société civile, par le biais d'associations et d'ONG diverses, tente de prendre part à un débat monopolisé par le monde politique, et soumis par conséquent à des relations de pouvoir et d'intérêt qu'il serait sûrement plus sain d'écarter. Dans ce contexte, les médias jouent un double jeu, par une information-spectacle qui réveille les passions et neutralise une concertation raisonnable, puis par une banalisation parallèle de certaines technologies pourtant moralement critiquables, du fait de leur dépendance par rapport aux cercles de pouvoir économiques. [...]
[...] Les peurs issues des annonces des scientifiques sur les avancées technologiques mettent en valeur le bouleversement provoqué dans l'opinion publique par cette transition (amorcée selon Foucault dès le XVIIè siècle) de l'être humain comme valeur à l'être humain comme objet d'étude et d'expériences. Pour le philosophe G. Agamben, la production d'une survie modulable et virtuellement infinie constitue la prestation du biopouvoir contemporain On assiste au changement de dimension d'un être humain dont les limites paraissent pouvoir être repoussées à l'infini. En découle une angoisse profonde chez le grand public, liée à la remise en cause du concept même d'être humain dans son caractère limité. Un grand flou identitaire apparaît, auquel il est difficile de remédier. [...]
[...] En outre, il ne faut pas confondre le combat contre l'étatisme et la lutte contre la bioéthique et mélanger la répulsion pour le premier avec la disqualification de la seconde. Enfin, il est établi que la logique ultra-libérale conduit à un renforcement des inégalités La bioéthique, si elle commence à prendre forme grâce la concertation internationale, se heurte donc à la loi du profit, que les pouvoirs publics peinent (ou se refusent) à encadrer. Conclusion Les biotechnologies sont ainsi tant une ouverture sur des possibilités inimaginables d'amélioration du confort de vie qu'une source de questionnements et de problèmes moraux. [...]
[...] Nous en sommes au stade de l'observation, c'est pourquoi les cadres doivent être posés dès aujourd'hui, et non à un moment où les biotechnologies seront hors de contrôle. Michel Foucault a identifié le biopouvoir en l'inscrivant dans une perspective historique. Selon lui, au vieux droit de faire mourir ou de laisser vivre s'est substitué un pouvoir de faire vivre ou de rejeter dans la mort Cette forme de pouvoir sur la vie se serait développée à partir de deux pôles. [...]
[...] Ainsi l'on voit que les biotechnologies, malgré leur relative effectivité aujourd'hui, ouvrent des perspectives immenses qui remettent en question nombre de certitudes et de convictions. Se pose alors la question du droit dans sa capacité à être une réponse à un vide conceptuel. II. Dans le doute, les personnes ont tendance à se réfugier derrière le droit. Il faut donc en dégager la logique et les limites dans le contexte des biotechnologies puis observer l'imbrication du droit dans l'imaginaire collectif et ses conséquences Alors que la propriété du droit est de définir les cadres d'un comportement potentiel, on s'aperçoit que dans le champ des biotechnologies la logique s'inverse pour devenir un mécanisme d'adaptation du droit aux faits, comme le montre Catherine Labrusse-Riou (professeur à Paris dans un article publié dans les Cahiers Français. [...]
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