1° Quel est l'objectif du texte ? Bergson pose la question : qu'est-ce en effet que l'intelligence ? En posant cette question Bergson cherche à définir ce qui constitue l'intelligence. Cette identification de l'intelligence est fonctionnelle ; le propre de l'intelligence est d'assurer une fonction ; cette fonction est comme fonction, placée au service d'un but, elle nécessite des opérations, elle s'applique à un objet, et parvient à des résultats. L'intelligence comme fonction est pour un but, par des opérations qui demandent des organes, des instruments, et sur, un lieu et un objet. Seulement l'identification fonctionnelle de l'intelligence est aussi différentielle. Identifier l'intelligence c'est procéder par distinction. Dire ce qu'est l'intelligence c'est dire ce qu'elle n'est pas, ou plutôt c'est dire qu'elle n'est pas l'esprit, ou plutôt, c'est dire qu'elle n'épuise pas ce qu'est l'esprit. Identifier l'intelligence c'est comprendre qu'elle n'est pas le tout de l'esprit, mais une part de l'esprit ; qu'à côté de l'intelligence il y a une autre part, une autre fonction (puisque ce terme est aussi utilisé, peut-être de manière problématique, pour nommer l'autre part de l'esprit). Donc donner un statut fonctionnel à l'intelligence, distinguer cette fonction spirituelle d'une autre fonction spirituelle, et aussi mettre en garde contre une identification abusive de l'intelligence avec l'esprit, qui serait une confusion dommageable. Prendre l'intelligence pour l'esprit, ramener l'esprit à l'intelligence serait dangereusement méconnaître ce qu'est par ailleurs, « par surcroît » l'esprit. La question est alors triple : A° En quoi consiste la fonction spirituelle qu'est l'intelligence ? B° Pourquoi est-il nécessaire au philosophe de nous mettre en garde contre l'identification abusive de l'intelligence avec l'esprit C° En quoi consiste la fonction spirituelle que l'intelligence n'est pas ? Ces trois questions sont prises en charge par Bergson dans ce texte. Nous pouvons formuler les éléments de réponse décisifs.
[...] Nous ne nous replierons pas non plus sur la position minimaliste selon laquelle nous ne sommes pas sans l'utilisation et la maîtrise de la matière, car la nature n'est pas seulement ce dans quoi nous sommes placés, elle est le mouvement qui nous porte ; nous ne sommes pas seulement dans la nature mais aussi par la nature, mais non par une instance dotée de projet et de plan. Comment comprendre la libération de l'intuition des habitudes intellectuelles contractées au contact de la matière, et le développement méthodique de l'intuition, cad la promotion de la métaphysique d'autre part ? En premier lieu, pourquoi l'esprit n'est-il pas satisfait par l'application intellectuelle à la matière ? [...]
[...] Au chapitre IV de MM, Bergson a refusé le dualisme de l'âme et du corps, en particulier parce qu'il rend inintelligible leur union ; cf. p.247 et svtes. Bergson explique : si nous posons la distinction de l'âme et du corps, leur communication n'est rendue intelligible que par une hypothèse qui n'est que le redoublement illusoire du constat de cette communication. Selon Bergson il ne faut pas partir de la distinction de l'âme et du corps mais de leur coïncidence, de la perception pure où le sujet et l'objet coïncident. [...]
[...] D'abord parce qu'il s'agit de dire en quoi consiste cette attention de l'esprit à lui-même. Et aussi et peut-être surtout car il s'agit de dire ce que rend possible sinon réelle l'attention de l'esprit à lui-même si cette attention supplémentaire de l'esprit à lui-même est méthodiquement cultivée et développée : la métaphysique, science de l'esprit, connaissance de l'esprit. Quand nous disons, l'objectif du texte est de définir l'intelligence, nous ne définissons qu'une part du texte. L'objectif du texte est de répondre à la question : qu'est-ce que l'esprit ? [...]
[...] Nous faisons comme si le but était fixé par la nature à la chose naturelle. La question est alors : n'est-ce pas cette procédure qui est du strict ressort de l'intelligence humaine que Bergson mobilise pour dire que l'intelligence est au service de la fabrication en tant que la nature l'a ainsi disposée, nous aurait donné l'intelligence pour la fabrication ? Dans ce cas Bergson prend ce qu'il en est de fait de l'intelligence, elle est pour la fabrication, en l'envisageant en fonction d'un projet imputé à la nature ; dans ce cas dire que la nature nous a destiné à être intelligents c'est seulement reporter sur la nature notre procédure et non pas l'éclairer par la nature. [...]
[...] Le métaphysicien qui récupère l'intuition se met au service de la science, mais il se trouve que déjà la science aide le métaphysicien dans cette récupération. [...]
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