Bergson analyse, dans un premier temps, les caractéristiques du langage animal :
Les signes qui le composent sont en nombre bien déterminé.
C'est en effet une des spécificités du langage animal que d'être constitué d'éléments simples en nombre limité. C'est la première des caractéristiques de ce langage, qui l'oppose au langage humain infiniment riche, susceptible à chaque instant de s'enrichir de termes nouveaux (...)
[...] Il est possible de leur faire acquérir des concepts comme "boutons", mais ce concept, s'il est enseigné comme désignant la clenche d'une porte ou un interrupteur électrique, ne pourra jamais désigner autre chose, comme un "bouton" de fleur ou un "bouton" de culotte . Voilà ce que Bergson affirme être la limite essentielle du langage animal. On devine qu'il introduit ici ce qui constitue, par opposition, la spécificité du langage humain. La seconde partie n'est plus seulement descriptive. Il s'agit maintenant de comprendre la spécificité du langage humain. [...]
[...] (Bergson, L'évolution créatrice) I - La thèse du texte Elle est explicitement formulée dans les dernières lignes de cet extrait. Contrairement à ce que l'on considère habituellement comme la spécificité du langage humain, à savoir la faculté à généraliser, conceptualiser, Bergson affirme que ce qui oppose le langage humain au langage animal, c'est davantage la mobilité du signe, mobilité qui appartient exclusivement au signe du langage humain. Il oppose ainsi signe "adhérent" à signe "mobile". Si le texte aborde le langage animal, c'est pour exposer la spécificité du langage humain, qui est l'objet véritable de ce texte. [...]
[...] En effet, l'invariance constitue le propre du langage animal, que l'on pourrait décrire comme "sans surprise". Un animal n'invente pas de signes nouveaux, il utilise les signes existants, d'une manière propre à l'espèce : il n'y a pas invention. Surtout, ces signes restent attachés à un certain objet, en ce sens, ils sont "adhérent[s] à la chose signifiée". Ainsi, telle "danse en huit" de l'abeille signifie la présence et le lieu du pollen, elle ne peut signifier autre chose. En ce sens l'abeille n'a aucune "liberté" dans l'utilisation du signe, ce n'est pas le signe lui-même qui est invariant mais l'utilisation du signe, sa portée, son extension. [...]
[...] Bergson, L'évolution créatrice : le langage humain Commentaire d'un extrait de L'évolution créatrice de Bergson, dans lequel ce dernier affirme que le langage humain se distingue du langage animal par la mobilité du signe. Texte étudié Si [ . ] les fourmis, par exemple, ont un langage, les signes qui composent ce langage doivent être en nombre bien déterminé, et chacun d'eux rester invariablement attaché, une fois l'espèce constituée, à un certain objet ou à une certaine opération. Le signe est adhérent à la chose signifiée. [...]
[...] Cette caractéristique est le trait spécifique du langage humain et non un détail. D'emblée, l'enfant libère le lien entre le signe et la chose, pour créer, inventer d'autres liens. Il joue avec les analogies (rapport entre deux termes) et s'approprie le langage, non en répétant un lien appris (entre une chose et un nom), mais en créant des liens nouveaux. Ainsi, apprendre le langage c'est créer du langage, créer du nouveau, créer du sens. Bergson, enfin, précise que son analyse se distingue de la critique habituelle qui situe la spécificité du langage dans la capacité à "généraliser", c'est-à-dire la capacité à l'abstraction, à la conceptualisation. [...]
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