Selon la célèbre formule prononcée par le prince Michtine dans L'Idiot, la beauté sauvera le monde. Ou plutôt faudrait-il dire la beauté sauverait le monde. En effet, la formule apparaît peu claire de prime abord et qui plus est surprenante. De quoi le monde aurait-il à être sauvé ? Le monde est-il menacé ? Non seulement est-ce la formule qui apparaît surprenante, mais c'est également le concept de Beauté, qu'il convient donc d'éclairer et de considérer selon la définition appropriée. En quoi la Beauté, concept ô combien abstrait, pourrait-elle devenir l'outil qui sauverait le monde ? Si l'on admettait que le monde devait être sauvé, faire reposer le monde sur la beauté, n'est-ce pas trop en attendre, n'est-ce pas la trahir ?
Dostoïevski était chrétien. Cela se ressent dans ses romans. Le Prince Michtine, dans L'Idiot donc, est à la fois naïf est très intelligent, et, surtout, il est croyant. Il est réputé pour voir les personnes telles qu'elles sont vraiment. Le sens de ses paroles doit ainsi être analysé d'une manière toute particulière. Le sens du mot Beauté est à comprendre sous une autre forme que le sens courant et commun qu'on a coutume de lui attribuer. Le Beau est lié au divin.
[...] Si l'on admettait que le monde devait être sauvé, faire reposer le monde sur la beauté, n'est-ce pas trop en attendre, n'est- ce pas la trahir ? Avant de voir si la beauté possède vraiment ce pouvoir salvateur, nous allons d'abord nous demander ce qu'elle est, et si elle a un pouvoir sur le monde ? Après en avoir dégagé les caractéristiques principales, nous nous interrogerons sur son aptitude et sa capacité à changer le monde. En effet, pour sauver le monde, encore faut-il avoir une prise sur celui-ci. Enfin, nous mettrons en doute la formule de Dostoïevski. [...]
[...] La beauté peut donc élever l'homme. Hugo, dans William Shakespeare, nous dit : Par degrés, lentement, à mesure qu'il contemple ou à mesure qu'il lit, d'échelon en échelon, montant toujours, il assiste, stupéfait, à sa croissance intérieure ; il voit, il comprend, il accepte. Transition : Après avoir tenté de définir précisément à quoi se rattachait la beauté, nous avons ici analysé ses pouvoirs. Par conséquent, il semble maintenant clair que la beauté possède une véritable prise sur le monde, en ce sens qu'elle change les comportements des individus. [...]
[...] Conclusion La formule de Michtine comme quoi la beauté sauvera le monde s'inscrit dans une perspective croyante. La beauté se perçoit dans un rapport au divin. La beauté permet ainsi d'élever l'homme, de le grandir, et de lier entre eux les individus au sein d'une même communauté, car le beau est universel. Un monde pacifié n'est pas pour autant un monde sauvé. D'autres facteurs influent. De plus, percevoir la beauté comme un moyen pour parvenir à une fin, c'est-à-dire à sauver le monde, c'est déjà la trahir. [...]
[...] III- La beauté va-t-elle sauver le monde ? Puisque la beauté possède tant de capacités, elle peut peut-être sauver le monde. Toutefois, cette formule pose un postulat essentiel : le monde aurait à être sauvé. Ainsi, si le monde n'a pas à être sauvé, alors la beauté, comme n'importe quelle autre chose, ne peut pas le sauver. De plus, attendre de la beauté qu'elle sauve le monde si ce n'est pas de son ressort, n'est-ce pas la trahir ? Le monde vers la déperdition ? [...]
[...] À travers cette relation avec le divin, l'homme va devenir vertueux. Car, puisque le beau rassemblant les hommes au sein d'une communauté. Il permet donc de briser la solitude de l'homme, son enfermement. Il est ainsi incompatible avec la violence : il rend serein puisqu'il permet de se rapprocher du divin. Il se transforme ainsi en véritable thérapie contre l'individualisme, le cloisonnement, l'enfermement, le repli sur soi. La beauté va ainsi créer des liens entre moi, les autres, le monde. [...]
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